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Vers un renouveau du printemps tunisien

Publié le 24 janvier 2014 par Ps76
Revolution-Tunisie

« Tous les citoyens et les citoyennes ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination aucune ».

C’est désormais l’article 20 de la constitution tunisienne, adopté par l’Assemblée nationale constituante. La Tunisie est devenue ainsi le premier pays arabe à inscrire dans sa constitution l’égalité entre les hommes et les femmes. C’est là le fruit d’un compromis intervenu après d’âpres débats entre Ennahda, le parti à caractère islamiste au pouvoir et les partis et mouvements laïcs.

Quel pas franchi quand on se souvient que Ennahda souhaitait plutôt que la constitution comporte le principe de « complémentarité » entre les hommes les femmes, proposition qui avait soulevé un tollé général parmi les mouvements de gauche, laïcs et féministes. Ce vote exemplaire fait suite à d’autres articles adoptés ces derniers jours qui consacrent les valeurs de démocratie et de liberté.

Ainsi, l’assemblée a voté l’article 21 qui stipule que « les libertés d’opinion, de pensée, d’expression, d’informations sont garanties », comme ont été également approuvées les dispositions relatives aux droits syndical et de grève, l’inviolabilité des logements ou la confidentialité des correspondances. La torture « morale ou physique » a été qualifiée de « crime imprescriptible », décision hautement symbolique puisque cette pratique était jusqu’à la chute de Ben Ali, chose courante dans les commissariats ou les prisons.

Enfin, et cela n’est pas le moindre, le préambule de la constitution également adopté, indique que la Tunisie est un « Etat civil », précision essentielle qui rejette toute institutionnalisation de la charia comme règle de droit et de vie. Des articles mêmes de la constitution vont jusqu’à préciser que l’Etat « garantit la liberté de conscience et de croyance et le libre exercice du culte » sans parler de celui qui mentionne l’interdiction des « accusations d’apostasie et l’incitation à la violence ». Certes une concession a été faite quant au fait que l’Etat était « le protecteur du sacré », il reste que cela ne signifie plus l’imposition d’une religion comme référence nationale incontournable.

Sur les 146 articles que comptera la future constitution, un tiers a ainsi été discuté et validé. A l’issue de son adoption définitive, des élections devront être organisées, le parti Ennahda ayant promis qu’il quitterait alors le pouvoir pour la nomination d’un gouvernement transitoire composé de techniciens et de gestionnaires, permettant un apaisement du climat général.

Pendant ce temps, des troubles ont encore éclatés dans le pays, tant la situation économique et sociale est difficile. Quoique qu’il en soit, les votes intervenus à l’Assemblée constituante sont significatifs de la volonté d’une large majorité de la population de reconstruire enfin une Tunisie répondant aux exigences démocratiques exprimées avec force lors du soulèvement national contre la dictature, exigences dont jusqu’à ce jour les islamistes au pouvoir en avaient détourné, ou du moins bloqué, la traduction indispensable dans les fondements politiques et institutionnels du pays.

C’est là un pas essentiel vers un renouveau du printemps arabe dont la Tunisie en était le symbole initial.

André Piazza,
Délégué fédéral à l’international


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