La place Taksim d’Istambul , la place Tahir en Egypte sont des endroits symboliques de révoltes contre les pouvoirs en place. Chacun des lieux représentent aussi l’oppression et la violence d’une révolte voire d’une révolution réprimée dans le sang par la police et les forces gouvernementales.
Depuisla fin novembre, la place de l’Indépendance à Kiev surnommée Maïdan est en proie à de forts affrontements qui opposent partisans du pouvoir en place et manifestants pro européens. Le gouvernement dirigé par Viktor Ianoukovitch suit une politique pro russe. Des lois liberticides remettent le droit de manifester et la liberté d’expression en cause. Les relations avec l’Europe apparaissent aussi houleuses. L’Ukraine a récemment refusé un accord d’association avec L’Union Européenne. Cette décision très contestée en Ukraine a été l’une des raisons du déclenchement des manifestations pro européennes.
Cet accord bilatéral n’était pas du goût de Vladimir Poutine. Cette répression démontre que la Russie cherche toujours à avoir la main mise sur les anciennes républiques soviétiques et maintient un droit de regard sur la politique menée dans ces pays. L’union Européenne s’oppose à cette démonstration de force mais tous les pays membres ne sont pas d’accord sur la solution à envisager. Elle reste timorée et ne veut surtout pas froisser la Russie tout en soutenant l’action des manifestants pro européens. Ce positionnement en demi teinte favorise indéniablement le rapprochement Ukraine-Russie et marginalise les partisans de l’entrée de l’Ukraine dans l’Union Européenne qui compte aujourd’hui 28 membres.
Carte de l’Union Européenne janvier 2014(source Nouvel Observateur)
Le 22 janvier 2014 : un tournant violent dans la répressions des manifestations
Les négociations semblent au point mort entre les membres de l’opposition et le gouvernement ukrainien. Chacun campent sur ses positions. Cette situation prouve que le dialogue semble rompu. Les manifestants sont déçus. Toutes les conditions sont réunies pour que la situation dégénère. C’est dans cette situation extrêmement tendue que sont survenus de violents affrontements mercredi dernier. Le bilan est lourd: 5 militants de l’opposition ont été tués et 300 personnes blessées. Quatre d’en eux ont été éliminés par balle. Les contestataires demandent purement et simplement la démission du gouvernement.
Cette épreuve de force met évidemment en péril les possibles négociations. Depuis dimanche dernier les heurts ne cessent de déchirer le centre ville de Kiev. Des jets de cocktail Molotov sont répertoriés de toutes parts. Des balles en caoutchouc et des grenades jonchent le sol des rues du centre de Kiev. Ce chaos illustre l’impasse dans laquelle se trouve ce pays pour régler une crise qui peut se transformer en guerre civile. Depuis dimanche 73 arrestations ont été recensées et 21 détentions reconnues par la police anti-émeutes. Ces chiffres révèlent la traque perpétuelle dont sont l’objet les opposants au régime. Cette poursuite vise à éliminer toute source d’opposition ou au moins tente de l’affaiblir. Ces chiffres traduisent l’exacerbation de la violente. Il ne semble pas y avoir d’échappatoire dans cette crise. Outre la police anti-émeutes qui intervient sous les ordres du gouvernement, les manifestants subissent aussi des menaces et des intimidations via sms. Leur faits et gestes sont rapportés et leurs mouvements analysés afin que la force anti-émeutes puissent intervenir pour endiguer le mouvement de contestation. Cette attitude de répression systématique engendre l’escalade de la violence et prouve clairement que le gouvernement Ukrainien souhaite étouffer la révolte comme ça a été le cas lors de la révolution orange en 2004. Ce retour de bâton dévoile aussi un mécontentement criant d’une partie de population ukrainienne qui n’en peut plus d’être dirigée par un gouvernement qui ne respecte pas ses aspirations démocratiques.
L’UE embarrassée
Ce positionnement doit faire réagir Bruxelles pour ne pas que ce mouvement passe à la trappe et que les instances gouvernementales ukrainiennes n’agissent comme bon leur semble. Sans ça la situation s’enlisera et l’Ukraine tombera encore un peu plus sous l’influence de la Russie. Vladimir Poutine s’en réjouit sûrement lui qui semble encore attacher à l’ex URSS. Pour éviter que cela ne se fasse, il faut désormais que l’Union Européenne soutiennent des positions fermes voire qu’elles prennent des sanctions. Angela Merkel a vivement conseillé Monsieur Ianouvitch « d’abandonner les lois anti-émeutes et de respecter les libertés fondamentales. Quant à Catherine Asthton, chef de la diplomatie européenne, elle doit se rendre sur place la semaine prochaine comme le rappelle cet article du Monde.
Négociations et déception
A la mi journée, jeudi les opposants avaient réussi à obtenir une trêve dans les heurts pour installer une situation favorable aux vues des négociations qui se présageaient. Cette accalmie de courte durée a permis aux pourparlers de se dérouler dans un calme apparent.
Suite à ce regain de tension des négociations avaient repris pour trouver une sortie de crise et faire de L’Ukraine un pays apaisé. Malheureusement elles ont tourné court. Dans la nuit de jeudi à vendredi des militants du mouvement Spilva Pravda (cause commune) ont pris d’assaut le ministère de l’agriculture situé à deux pas de la place de l’Indépendance. Refusant de démission sous la pression de la rue, Ianoukovitch ne cède pas d’un iota. Le président ukrainien a concédé la libération de tous les manifestants. Cette impasse place Kiev dans l’incertitude.
Cette crise divise clairement l’Ukraine en deux camps bien distincts les pro et les antis européens. Il faut rappeler que ce pays un des nombreux qui pourraient potentiellement entrer dans l’Union Européenne prochainement. Ces tensions risquent de mettre en péril ce dessein. Les manifestants ne lâchent rien mais semblent abattus. L’Ukraine doit être un partenaire privilégié de l’UE. Grand pays de l’ex URSS, sa place est centrale dans la région et sa stabilité est nécessaire pour garantir la paix dans les pays voisins. Personne n’a intérêt que la situation ne s’aggrave. Les dirigeants européens ont aussi pour rôle de créer une dynamique positive autour de leurs frontières. Un conflit n’est jamais bon pour les affaires politiques et pour créer une union digne de ce nom.
Jessica Staffe