Une Autre Vie // De Emmanuel Mouret. Avec JoeyStarr, Virginie Ledoyen et Jasmine Trinca.
Au travers de son film, Emmanuel Mouret tente de parler d’adultère d’une façon assez différente de ce que l’on peut avoir l’habitude de voir. Plongés dans un mélodrame assez
intriguant, le film navire alors entre les personnages et son univers. Malgré toutes les bonnes idées et surtout cette phrase de Virginie Ledoyen « Et si la
meilleure façon de séparer deux amants était de les mettre ensemble ? » les efforts sont assez vains. En effet, le film devient rapidement trop poli et jamais polisson, du coup
on s’ennui légèrement et ce malgré le personnage de Dolorès, vrai moteur du film. D’ailleurs, dès que cette dernière disparait à certains moments du film, Une Autre Vie
devient banal, commun, ennuyeux. Il faut dire que JoeyStarr n’est pas la personne la plus attachante quand il s’agit de parler de sentiments amoureux. Il a beau être bon acteur,
je n’ai pas réussi à trouver son histoire d’amour naissante avec Aurore réellement passionnante. Disons que ce qui manque à ce film c’est deux amants charismatiques.
Jean, électricien, pose des alarmes dans des demeures du sud de la France. Il y rencontre Aurore, célèbre pianiste. Malgré leurs différences, ils tombent immédiatement amoureux l’un de
l’autre et envisagent ensemble une autre vie. Jean veut quitter Dolorès, sa compagne de toujours. Mais celle-ci est prête à tout pour le garder...
Ce qui m’a également perturbé au travers de cette histoire c’est que le film mélange deux choses très singulières. La première est le mélodrame qui hésite, qui a peur d’aller droit au but et se
met volontairement des obstacles dans les roues alors que ce n’est pas du tout nécessaire. Au-delà de ça, et malgré les regrets, la thématique de Une Autre Vie est vraiment
intéressante et surtout l’angle que le film tente de prendre. On ne cherche pas à dire que telle ou telle personne est la méchante ou le méchant de l’histoire. Ce n’est qu’un concours de
circonstance qui va mener chacun à faire des erreurs et surtout à apporter du malheur aux autres. Emmanuel Mouret, déjà réalisateur de Un baiser s’il vous plaît
(qui était bien plus maitrisé que Une Autre Vie), tente alors de mélanger cet aspect là à quelque chose de beaucoup plus lyrique (et pas seulement à cause de la musique
classique). Disons que dans le phrasé, dans les dialogues, il y a une vraie recherche par moment de quelque chose de singulier. C’est quelque chose qui me fascine bien plus que je n’aurais pu le
penser.
J’aurais bien aimé que Une Autre Vie soit aussi un film beaucoup plus maitrisé. Le film oscille entre bons et mauvais moments et c’est dommage. Surtout que le découpage nous
faisant faire des bons dans le temps aussi bien que des bons dans le passé casse parfois la dynamique. Surtout quand on nous montre avant les conséquences de ce qui s’est passé. Certes le
cheminement est intéressant mais ce n’est pas le cas pour toute l’histoire. La narration est donc parfois perturbante et ce pas dans le bon sens (ou en tout cas, pas dans celui que j’aurais
aimé). De plus, l’histoire ne nous réserve finalement que très peu de surprises si ce n’est Virginie Ledoyen et sa dernière phrase à la fin du film qui à mon sens, bien que
prévisible, confirme au moins ce que le spectateur a bien pu penser durant tout le film. Le récit s’entiche donc d’un sentiment (la culpabilité) pour tenter de construire tout son déroulement
autour de ça. Peut-être pas aussi ingénieux que l’on aurait pu l’espérer tout de même.
Note : 4.5/10. En bref, dommage que la culpabilité, thème phare du film n’ait pas toujours le poids de son ambition.