[anthologie permanente] James Sacré

Par Florence Trocmé

James Sacré publie Donne-moi ton enfance, aux éditions Tarabuste.  
 
 
On se croit en pays connu 
Mais c’est tout le contraire ; 
 
Tout s’efface à mesure 
Que le temps se perd. 
 
On aura mal su 
Ce qu’est le présent 
 

 
Dans la proximité de la mort, forcément. 
Et tous ces gestes qu’on dirait lancés depuis notre enfance 
Sont devenus de la peur 
À cause de l’obscure énigme du monde,  
 
Mais du vivant qui s’affirme, encore 
Dans la proximité de la mort, maintenant.  
 

 
Depuis les premiers jours jusqu’à plus tard 
Jusqu’à demain 
Quelle continuité ? Je me souviens 
De peu d’images, de quelques moments parlés : 
Comment ne pas croire 
À du tissu déchiré ?  
 

 
L’image la plus ancienne, le premier mot qu’on a compris 
On n’est pas sûr, on entend 
Un si léger bruit dans le bruit du monde… 
On reprend l’image, les quelques mots, on finit 
Par les avoir inventés. 
On n’entend plus rien 
 
James Sacré,  Donne-moi ton enfance, éditions Tarabuste, 2013, pp. 38 et 39.  

 
James Sacré dans Poezibao :   
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