Philomena est une vieille dame portant un secret très lourd depuis 50 ans dont elle décide de s’affranchir. Jeune fille, en 1952 en Irlande, elle rencontre un jeune homme dont elle tombe amoureuse. Enceinte et non mariée dans l’Irlande catholique, elle est rejetée par sa famille et envoyée au convent pour finir sa grossesse et accoucher. En échange de tous « ces bons soins », elle va devoir travailler dur à la blanchisserie du couvent comme d’autres filles dans son cas. Une heure par jour, elle peut partager une tranche de vie avec son fils Anthony ; sa planche de salut. Puis un jour, autour des 3 ans de l’enfant ; un couple d’américain va venir adopter son enfant. Sa dernière chance pour le retrouver est de s’associer avec un journaliste désabusé, mais dans le besoin, consterné par l’obligation de couvrir un type d’histoire humaine racoleuse qui le sidère.Tiré d’une histoire réelle, c’est un film à triple entrée :1- la quête romanesque et pleine de rebondissements du fils perdu est le cœur du scénario. L’histoire serait à peine crédible si elle n’était pas véridique et c’est pour cela qu’elle tient le spectateur en haleine durant 1 heure 40 ;2- la confrontation de deux mondes à travers la grand-mère populaire et pieuse et le journaliste cultivé opportuniste et cynique. Philomena et Martin, tout les oppose : culture, âge, milieu social, niveau d’études, religion,… Mais ces deux mondes ont beaucoup à apprendre de l’un et de l’autre. A travers leurs échanges, les deux en sortiront grandis ;3- le pamphlet méthodique sur l’institution catholique tout en se préservant bien de condamner la foi elle-même. Martin porte la révolte du pragmatique athée et Philomena la mansuétude et le pardon de la croyante. Croyante, endoctrinée dès le plus jeune âge et pas construite pour se révolter contre l’institution religieuse malgré la dureté de ce qu’elle lui a fait subir ; malgré tout cela, à la toute fin du film, elle donnera une leçon à Martin le révolté, elle la prisonnière de sa foi. C’est pour moi le moment fort du film. On n’est pas dans le procès à charge de l’institution comme dans « Magdelene Sister’s » et « La religieuse » ; mais dans quelque chose de plus nuancée et dans la compréhension des croyants. En çà ce film est novateur, car il condamne mais reste juste.Stephen Frears s’appuie sur deux comédiens portant avec force leurs rôles et parvient à éviter les violons propices au sujet. Livrant un film populaire et grand public, il tombe par contre bien souvent aussi dans la facilité narrative. Sa mise en scène est aussi très formatée et super sage. Le tout donne au film un côté vieillot alors qu’il sort en 2014.Bilan des opérations : on ne s’ennuie pas, quelques réflexions à l’issue du film, une histoire très romanesque ; mais un film cinématographiquement pauvre. Ne laisse pas un souvenir i mémorable.
Sorti en 2014