Jean du Lac. Jean consacre aujourd’hui son temps à l’Afrique
et à ses entreprises. A l’occasion d’un passage à Paris, je l’ai interrogé. Les journaux anglo-saxons ont-ils raison de dire qu’elle est la
dernière « frontière » ? Comment participer à son
développement ? Voici le premier de deux billets. (Le prochain, même heure, la semaine prochaine.)
Un aventurier
Carrière paradoxale. Jean semble refuser le confort. Il
démarre chez Ford. Immédiatement, il est remarqué. On lui promet une carrière
météoritique. On lui propose un poste au siège de la société, Detroit. Son
avenir est assuré. Mais il refuse. Il se lance dans l’entrepreneuriat. Pendant
30 ans, il va passer de projet en projet. Aujourd’hui, ses enfants ayant quitté
son foyer, il vit une passion : l’Afrique. Il la connaît bien, pour y
avoir passé beaucoup de temps. Il a surtout la particularité, pour un Français,
d’être familier de toutes les Afrique. Aussi bien anglophones (il a rencontré
Mandela !) et lusophones que francophones. Il y exerce trois types
d’activité. Il est administrateur de société, il conseille des entreprises dans
leurs opérations financières (levées de fonds, fusions acquisitions, etc.), et,
pour une grande partie de son temps, il dirige le redressement d’entreprises.
Le prochain billet sera consacré à ce sujet.
Quand l’Afrique
s’éveillera ?
Pourquoi, soudainement, l’Afrique, homme malade du monde, est-elle
l’endroit où il faut être ? Jean a toujours douté des idées reçues sur
l’Afrique. Et si c’étaient elles qui avaient fait le malheur des Africains ?
Pour lui, ni la richesse du continent, ni sa formidable croissance
démographique ne sont les facteurs premiers du renouveau. Ceux-ci sont, d’une
part, le retrait de l’influence extérieure (anciens coloniaux, USA et URSS, FMI
et Banque mondiale) – elle fut désastreuse -, et le retour chez eux de cadres
formés à l’Ouest et qui y ont réussi. Ils veulent transformer leur pays. Ce qui
fait réussir l’Afrique, c’est que le changement, pour parler comme ce blog, est
voulu par elle. Il ne lui est plus imposé par les intérêts ou la bien pensance
étrangers.
Cependant, parler de succès est prématuré. D’ailleurs,
« l’Afrique » n’existe pas. Chacun de ses pays a une histoire propre.
Le déclencheur du renouveau, c’est la rationalisation de l’Etat. Partout où
l’Etat est dysfonctionnel, le chaos demeure. C’est, majoritairement, le cas en
Afrique francophone. Elle ne parvient pas à se relever de la politique de De
Gaulle et de ses successeurs. Ils ont joué des gouvernements comme de
marionnettes.
Utilité d’un Français
pour les Africains
Intérêt d’un Français pour les Africains ? Diriger et
développer une entreprise est un art. L’Occident a des siècles d’expérience.
C’est elle qui manque à l’Afrique. Cette expérience est plus humaine que
technique. Car l’Afrique a des techniciens excellents. L’Occidental peut être
utile à l’Africain s’il renonce à être missionnaire. S’il est un donneur
d’aide, un catalyseur du changement. D’ailleurs, c’est moins les recettes du
succès qu’on attend de lui, que le souvenir de ses échecs.
C’est ce que nous verrons dans un prochain billet.