Un article de h16 et Baptiste Créteur
L’homme est un animal comme les autres, et les politiciens n’échappent pas à la règle. Si beaucoup ont manifestement choisi le lombric, le crotale ou une bactérie saprophyte comme totem, tous sont entrés dans l’arène politique avec ces instincts animaux sans lesquels il n’est point de survie possible. Et dans ceux-là, certains ont tendance à laisser libre cours plus que les autres à leurs instincts les plus primaires.
Ici, point n’est besoin de s’étendre lascivement sur le cas aussi douloureux que symptomatique de DSK, grâce aux instincts duquel fut précisément élu François Hollande, actuel président qui semble lui aussi en proie à des penchants dont l’impact dans la vie publique du pays reste à déterminer. On aura également en tête les parties fines qui, au même titre que les mallettes de cash, ne sont pas une légende ; on se rappellera les histoires, nombreuses et répétées, qui ont émaillé la vie politique des dernières décennies.
Soit. Cependant, les choses, presqu’imperceptiblement, changent. Si, très clairement, une majorité de nos animaux politiques ne peuvent vraiment pas jouer de leur carrure physique, quelques-uns s’en sortent de mieux en mieux.
Bien sûr, on évoquera ici Boris Boillon.Souvenez-vous : c’était ce fameux (fumeux ?) playboy sarkozyste passé de l’ambassade d’Irak à celle de Tunisie avec la souplesse caractéristique d’un homme qui ne passe pas trop de temps voûté sur son bureau à rédiger de longues notes. À l’époque, une photo de lui, qui avait pas mal circulé, avait été raillée par tous… et notamment dénoncée violemment par Marine Le Pen, la présidente du Front National, qui en avait été jusqu’à demander la démission du nouvel ambassadeur pour, je cite, « la dignité des Français mais aussi pour la dignité des Tunisiens » :
Certes, sa reconversion en gigolo convoyeur de mallettes de cash depuis Paris Gare-du-Nord aura mal tourné, ce qui montre que le look, aussi huilé soit-il, ne fait pas tout. Mais comme on le voit, les choses changent : l’allure premier de la classe aux cheveux gominés, aux grosses lunettes et affublé d’un pull jacquard avec patchs en cuir aux coudes n’est décidément plus tendance et le petit tailleur propret ne suffit plus (à ce titre, Nabilla aurait peut-être une chance aux prochaines élections, allez savoir).
Et ce qui révoltait Marine Le Pen courant 2011 ne semble plus gêner les instances du Front National de 2014, puisqu’on découvre fortuitement que Bruno Clavet, tête de liste Front National – Rassemblement Bleu Marine dans le IIIe arrondissement de Paris, était précédemment mannequin, ex-candidat de X-Factor, et a fait quelques photos de lui en slip.
Foin de rigolisme facile qui flirte délicieusement dans les pages « people » : tout ceci dénote bien d’un mouvement de fond général. Un président qui sort puis se marie avec une chanteuse, un autre qui échange une journaliste pour une actrice, des ambassadeurs sexy, des candidats mignons… Tout cela n’est pas réellement un hasard.En réalité, tout indique que, ne parvenant pas à plaire par leur charisme, ils ont trouvé un autre moyen d’avoir une bonne image : il suffira d’avoir l’air mignon. Aux États-Unis, la victoire d’Obama est souvent mise au crédit de son aspect physique général, tout comme les succès de Sarah Palin, à l’autre bout du spectre politique, sont en grande partie dus au physique avantageux de la politicienne plus qu’à ses connaissances politiques affûtées.
Du reste, peut-on vraiment s’en étonner lorsqu’on sait à quel point, les enjeux politiques grimpant, les politiciens ne sont plus guère que la vitrine mise en avant par des équipes pilotées par des hommes de l’ombre et leurs instituts de sondage ? Si l’on veut réussir à ce petit jeu, autant que les pantins choisis (ou « animaux politiques », choisissez) soient jolis.
Dans ce jeu, le Front National s’est apparemment laissé convaincre (la pénurie de candidats volontaires pour leurs listes aidant).
On pourra sans doute arguer que la France n’est pas un cas isolé, que la vie politique américaine est, elle aussi, émaillée de scandales sexuels, le plus célèbre impliquant un président, une subalterne et un trombone ; que l’ancien président du conseil italien est l’inventeur du Bounga Bounga ; que les parlementaires britanniques aiment beaucoup, beaucoup la pornographie ; et que l’appétit pour les jeunes garçons semble faire partie de la fiche de poste du Ministre de la Culture depuis quelques temps.
Comme dans une émission de télé-réalité, les spectateurs votent pour les candidats qu’ils veulent voir rester dans l’aventure et font leur sélection parmi des physiques et personnalités plus improbables les uns que les autres, souvent incapables d’aligner deux idées et quatre mots sans révéler leur incurie à la face du monde. On y retrouve des célébrités, des actrices comme Véronique Genest, des sportifs comme Bernard Laporte, David Douillet, Chantal Jouanno et Henri Leconte, des personnalités bling-bling comme Mickaël Vendetta et Nicolas Sarkozy, et des gens normaux, si tellement normaux, comme François Hollande et Jean-Pascal. Après leur passage, de nouveaux débouchés s’offrent à eux, comme la création d’une marque de lingerie, l’enregistrement d’un CD ou une carrière d’avocat.
Reste un constat cependant, qui remet toutes ces aimables bêtises en perspective, et agacent tout de même un peu : aucune émission de télé-réalité ne vote de nouveaux impôts, et c’est normalement le spectateur qui s’amuse à espionner les candidats, pas l’inverse. Loana présidente ?
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