Les dirigeants de Dexia s’accordent des augmentations de salaire de 30% !
Publié Par Thibault Doidy de Kerguelen, le 24 janvier 2014 dans Monnaie et financeTrois dirigeants de Dexia, la banque dont la faillite aura coûté le plus aux contribuables français et belges, voient leur rémunération augmenter de 30%.
Par Thibault Doidy de Kerguelen.
La polémique a atteint un niveau que la direction de Dexia ne peut plus se permettre d’ignorer. Après les révélations du Journal du dimanche le week-end dernier, concernant les augmentations de salaires de trois cadres dirigeants de la banque franco-belge qui avaient vu leur salaire augmenter de 30% au 1er janvier (450.000 euros par an), Dexia vient d’annoncer « rouvrir » ce brûlant dossier.
La banque justifie cette décision par le fait que le démantèlement d’un établissement était « un métier complexe qui demande des compétences pointues et des professionnels expérimentés ».
Ces informations étant parues dans la presse, le « cœur des pleureuses » s’est mis en branle. Que ce soit avec ou sans juste raison, ce concert de cris d’orfraie de la part de députés et de ministres – Moscovici en tête, relayé par son homologue belge Koen Geens, qui a quand même tenté de défendre cette décision en déclarant notamment : « Je respecte vos objections éthiques mais la concurrence est très forte et ni vous, ni moi ne pouvons diriger Dexia. C’est un aspect dont nous devons tenir compte. Beaucoup de gens ont déjà quitté le navire » – a quelque chose d’irritant lorsque l’on sait que cette mesure a été approuvée par le CA du mois de décembre et que Dexia appartient aujourd’hui pour 50% à l’État belge et pour 44% à l’État français… Monsieur Moscovici qui s’emporte aujourd’hui devant les micros, jugeant cette hausse « inappropriée », faisant pression sur le gouvernement belge qui lui fait le plaisir de lui emboîter le pas, était parfaitement au courant et n’a pu que donner son aval sans lequel on n’imagine pas les représentants français au CA se prononcer.
« Après concertation avec les ministres français et belge [des Finances], nous allons convenir prochainement d’une réunion du comité des nominations et des rémunérations, ainsi que du Conseil d’administration, afin de réexaminer le dossier », a finalement répondu mercredi Dexia. Cette réaction intervient après que Pierre Moscovici et le ministre belge des Finances ont demandé au comité en question et au CA de reconsidérer la politique de rémunération des membres concernés. Mercredi matin en effet, Pierre Moscovici avait indiqué avoir « pris des contacts » avec le gouvernement belge « pour une approche commune afin que cette décision soit revue ». « J’espère que nous serons entendus », avait-t-il déclaré, tout en rappelant que Dexia avait bénéficié de la part de la France et de la Belgique d’un soutien financier « énorme ».
Rappelons tout de même que Dexia, sauvée de la faillite par les États belge et français à l’automne 2008, a bénéficié d’un second sauvetage en octobre 2011. Les déboires de la banque ont coûté des milliards d’euros aux deux États.
Le vrai scandale est là. Ou plus exactement les deux scandales sont là.
Le premier scandale est que des banques appartiennent à l’État. Entre le Crédit Lyonnais et Dexia, nous pourrions croire que notre pays pourrait être vacciné de ce communisme qui veut nous faire croire que la banque détenue par l’État est vertueuse quand la banque privée est avide. Aucune banque n’a commis dans l’histoire de notre pays autant d’escroqueries, de détournements de fonds, de blanchiment d’argent sale que le Crédit Lyonnais dirigé par les fonctionnaires de Bercy. Jusque dans son « nettoyage », puisque le « vertueux Peyrelevade » qui vient donner des leçons de moralité à Tapie est celui sous la présidence de qui les archives (qui n’existaient pas en double ni sous forme dématérialisée) du Crédit Lyonnais sont parties en fumée dans un incendie toujours inexpliqué… Des méthodes de voyous qu’aucun autre organisme français n’a osé utiliser.
Et que dire de Dexia, à l’heure où les collectivités locales, les hôpitaux, les organismes publics se révèlent « victimes » d’emprunts toxiques, tous placés par cette banque qui appartenait aux États français, belge et luxembourgeois ? Le n°1 européen des emprunts toxiques était une banque d’État ! Non, vraiment, il est incompréhensible que des hommes et des femmes politiques continuent à préconiser la nationalisation de banques !
Le second scandale est que l’argent des contribuables serve à renflouer des banques. Des banques sont au bord de la faillite ? Qu’elles meurent, la nature a horreur du vide et elles seront très vite remplacées. Quant aux personnes qui perdront leurs avoirs, elles apprendront à ne pas faire confiance à un seul organisme, elles apprendront à vérifier la solvabilité d’un établissement avant de lui confier leurs avoirs financiers, elles pourront faire l’objet d’une aide de la part d’un fonds commun interbancaire. De toute manière, il faut bien comprendre que sauver une banque par l’argent public se fait en utilisant l’argent du contribuable (seule source de financement de l’État) et que donc, de toute manière, ce sont les particuliers qui paieront. Autant que cette « casse » se limite aux clients de la banque plutôt qu’à l’ensemble de la Nation. Sachant que cela ne présage en rien des recherches en responsabilité et des condamnations des responsables – et a fortiori des coupables…
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