"Ce dialogue avec le pape est un message fort d'attention aux catholiques français"
Un conseiller anonyme à l'Elysée, 23 janvier 2014
"Nous ne présentons pas de candidat."
François Hollande à propos de la désignation d'un nouveau pape, février 2013.
1. Quelques heures avant cette rencontre au sommet, le porte-parole des évêques de France, Bernard Podvin, en rajoute une couche: "Fallait-il rouvrir le débat sur l'avortement ? Fallait-il évincer brutalement les responsables religieux du Comité consultatif national d'éthique ? Fallait-il ignorer la pétition envoyée au Conseil économique, social et environnemental sur le mariage pour tous ?". On comprend que "ce n'est pas gagné". Car la communauté catholique - communauté ? - en aurait "gros sur la patate". L'ancien monarque les avait surpris. Un divorce expresse quelques mois après l'entrée au Palais, un re-mariage encore plus rapide, un discours à Latran et quelques autres génuflexions répétées et presque indécentes, puis ce discours de Grenoble, la traque des Roms au point de choquer les autorités religieuses. Avec Hollande, on pouvait penser à autre chose.
2. Le mariage gay a ressoudé une fraction mal quantifiable de la "communauté des croyants", notamment catholiques. Nulle ironie dans ce constat. C'est un fait. On espère aussi qu'une autre fraction, tout aussi importante, a enfin réalisé qu'il n'y avait nul changement de civilisation à permettre à quelques centaines de concitoyens de se promettre amour et fidélité devant un maire de la République. Moins d'un an après cette légalisation du mariage pour tous, quelque 3% des mariages consacrés concernaient des couples homosexuels. Si l'on retient les effets dits "retard" - ces couples qui attendaient depuis longtemps pour passer à l'acte - on mesure donc combien le bruit anti-mariage gay fut beaucoup... pour rien.
3. François Hollande n'a jamais été marié. Cela en dérange quelques-uns des plus conservateurs de ce pays. Là encore, François Hollande donne une autre occasion à la communauté catholique - autorités comprises - de prouver leur modernité sur le sujet. L'affaire n'est pas gagnée, chez certains. Pour d'autres, nombreux, ce n'est pas un sujet. Pour preuve, l'indifférence sondagière évidente et répétée des sondés sur l'affaire Gayet.
4. On exhibe une pétition - 100.000 signatures - sur un texte foutraque qui mélange pêle-mêle: "régression de droits de la personne, promotion de l'avortement, de l'euthanasie, de la théorie du genre, de la PMA…" 100.000 sur quelques millions de catholiques.
5. Hollande aurait de nombreux points d'accords avec le Vatican. L'Elysée envoie un conseiller du soir, Bernard Poignant, la connexion bretonne, l'un proche des plus proches, pour expliquer l'affaire dans les colonnes du Monde. La démarche est improbable. Poignant trébuche sur ses références: "Quand le pape fait un discours sur l'argent, on dirait le discours du Bourget".
Sans rire.