Le corps ou la vie?

Publié le 23 janvier 2014 par Mentalo @lafillementalo

Je vois fleurir ces derniers jours le dernier hashtag hype, lancé me dit-on par le magazine ELLE: #IVGmoncorpsmondroit. C’est vrai que la saison de la detox se termine doucement, même si je ne doute pas des bonnes intentions de cette campagne maladroite et réductrice à mes yeux.

Simone et nos mères se sont battues pour que nous puissions remiser les aiguilles à tricoter de nos grands-mères là où elles doivent être. Elles n’en seront jamais assez remerciées. En France, les choses semblent acquises, en théorie: la loi confortant le droit à l’avortement a été confortée il y a quelques jours, supprimant la notion de détresse. Détournons donc l’attention vers l’Espagne, la solidarité, mesdames, la solidarité. Et la confusion, aussi.

Mais sérieux, s’agit-il vraiment de nos corps ? Juste de nos corps ?

Alors oui, porter un enfant laisse plus ou moins de traces physiques, je ne vais pas te dire que, si mon poids n’a pas vraiment bougé après quatre grossesses, mes hanches n’ont pas, elles, pris quelques centimètres – ceux que mes seins ont perdu, sans doute. Aurais-je même, comme nombre d’entre nous, pris quelques vergetures au passage que je n’en serais pas encore morte.

Il ne s’agit bien moins du corps que de la vie, tout simplement. Un enfant change assez peu ton corps, en général, ou du moins, rien d’insurmontable. Ta vie, par contre, oui. Toute ta vie. A fortiori quand ce n’est pas le bon moment, les bonnes finances, le bon endroit, la bonne idée, ou… le bon père. Qui n’a apparemment, soit dit en passant, plus d’autre choix que d’accepter le nôtre. Nous nous battons pour que les pères s’investissent plus, mais refusons qu’ils interviennent dans le choix de départ. Ah. Et, au passage encore, il ne s’agit pas seulement de ta vie, mais de celle d’un autre être humain potentiel. Je suis bien d’accord que tu n’aies pas envie de lui pourrir la sienne non plus. Le corps ou les vies, donc.

Tu peux avoir mille bonnes raisons de ne pas vouloir d’enfant, pas maintenant, ou pas du tout. Il n’y en a pas de mauvaise, je crois. Sauf celle du corps, à mon avis. Maladroit.

Twitter/Laurence Olivier