par Jean-Claude Génot
Il tempère les risques que cela entraînerait pour l’espèce: « Je compte sur la maladresse des bergers et sur l’habileté de l’animal pour que sa population ne pâtisse pas trop de leurs tirs, s’ils étaient autorisés. On éviterait aussi le recours à l’empoisonnement, pratique redoutable qui a si bien fonctionné autrefois pour éliminer le loup. Les appâts à la strychnine tuent indifféremment tous les amateurs de viande, et la meute qui assiste à l’agonie d’un loup ne fait pas le lien avec le gigot piégé. Le fusil, en revanche, est sélectif et crée un phénomène d’apprentissage du danger. »
Pourquoi cette position? « C’est une situation complètement nouvelle que d’avoir la maîtrise de quelque chose autrefois obligatoirement supporté. Mais cette nouveauté peut quand même s’inspirer du passé. Et qu’est-ce qu’on voit dans le passé? Que toutes les sociétés où le loup a coexisté avec J’homme étaient des cultures où on pouvait chasser le loup.2 » Protéger intégralement le loup rend ses adversaires plus hargneux et dangereux ; et il ne veut pas d’un loup en pantoufle mais d’un loup sauvage qui comprenne que s’approcher d’un élevage présente un risque, et préfère un loup qui capture des proies sauvages.
Inévitablement, le loup va augmenter ses effectifs en France et cela forcera les protecteurs à revoir leur intransigeance sur le statut de l’espèce. Sa perte aurait des conséquences sur la santé mentale de l’homme : « Si jamais nous n’avions plus le loisir de rêver à un loup sauvage et vivant, je prédis une augmentation de fa délinquance et de la fréquentation des hôpitaux psychiatrique.3 »
1 Terrasson F., Une image contradictoire, Politis, no 831/832, 2004.
2 Terrasson F., Appel aux chassaurs de loups, non daté
3 Terrasson F., En finir avec la nature, Sang de la Terre, 2008.
Source: Génot Jean-Claude : François Terrasson, penseur radical de la Nature, Editions Hesse, 2013