De Kubrick j'ai surtout vu la magnifique exposition à la cinémathèque. J'avais bien vu Full Metal Jacket, Docteur Folamour. Un bien maigre bagage mais il faut bien commencer quelque part.
D'Eyes Wide Shut, je me souviens de cette phrase de mon père à l'ami qui lui avait prêté le dvd, "c'est bien on a pas besoin de ralenti" mi-rigolard, mi-dépité. Du haut de mes 13 ans (environs), j'étais persuadée que Eyes Wide Shut était grave axé cul.
Et bien pas tellement.
Ouverture sur une valse, orchestration grandiose, les noms s'affichent blanc sur noir comme autant de talent à graver. Kubrick est un génie, il fait parti à ce moment là des quelques dieux vivants du cinéma. Alors pas de modestie. Surtout quand on s'offre le couple star (et qui bat de l'aile) de l'hollywood de cette fin de siècle. Appartement luxueux et tenue de soirée, William et Alice Harford se prépare à aller au traditionnel bal de Noël d'un patient-ami. Car William est médecin, il fait parti de cette classe aisée sans pouvoir qui admire une élite dont fait partie le patient-ami.
La soirée se passe. Contrairement à William, qui aime ce milieu, Alice s'ennuie. Ils restent collé l'un à l'autre, accentuant l'impression qu'il ne sont pas du même monde que les autres invités. D'ailleurs la seule personne que Bill connait c'est le pianiste.
"Pourquoi continue-t-il a nous inviter?"
Elle sirote du champagne et la soirée commence à prendre un tour plus intéressant quand un bellâtre poivre et sel l'invite à danser. Séduction à peine cachée et proposition de batifolage découle de la proposition. Mais William n'est pas en reste, deux mannequins lui laisse entrevoir un plan tout aussi subtil à base d'arc-en-ciel. Dommage que l'overdose de coke en plein coït dans la salle de bains de la maîtresse du maître de maison rappelle l'homme à son statut de médecin. Et Alice laisse son bellâtre, prétextant qu'elle est un peu saoule et de toute façon mariée.
La soirée se finie. Mais elle a chamboulé le quotidien, le regard d'Alice vers le miroir, qui sert d'affiche, me donne cette lecture. Et les 24h de la journée qui suivent me semble être présentée comme une mascarade. On joue à la mère de famille idéal, au médecin parfait. Dès leur fille couchée, Alice et William cesse de jouer. Désinhibeé par un joint, elle lui avoue qu'elle a déjà eu du désir pour un autre homme, un soldat rencontrer pendant un voyage il y a un an. William est choqué. Un appel pour constater la mort d'un de ces patients le force à sortir. Commence alors une longue nuit.
Eyes wide shut
désolé pour la VF
Eyes Wide Shut est, selon moi un film sur le désir. Le désir de la chair, du pouvoir, de savoir, d'être aimé. La construction du périple nocturne de William est une montée en puissance de la luxure. Sans pour autant qu'il consomme. D'abord le baisé de la fille du mort (cité précédemment), la rencontre avec Domino, une prostituée, puis avec la fille (mineure) du vendeur de costume pour finir par l'orgie. Comme une sorte de voyage initiatique.
C'est un film très lent, qui impose une atmosphère à la fois sensuelle et dangereuse. Pour vous faire une analyse vraiment aboutie, il faudrait que je le revois. Ce pourrait être un chouette exercice, mais je manque d'un peu de temps. Peut-être un jour, avec ce film où un autre.
Tout chez Kubric est maîtrisé, les plans (aucun cadre n'est laissé au hasard, soit il apporte une information, soit une esthétique), la lumière, les décors (l'arbre de Noël omniprésent dans chaque lieu ou presque qui le fait devenir menaçant). Je vous ai mis une super page en fin de note qui vous donne pleins d'exemples.
Les acteurs sont très bons et Tom Cruise m'est presque supportable (ce qui est beaucoup car il est à lui seul un argument contre le fait que j'aille voir un film).
A voir car juste culte.
"- Je t’aime. Et tu sais, il y a quelque chose de très important que nous devons faire dès que possible.
– C’est quoi ?
– Baiser."
Le lien de la page Wikipédia que je trouve assez bien faite avec un chouette parallèle entre le roman initial et le film. Et cette super page avec plein d'informations sur les "sens cachés" du film.