Mon frère ce héros

Le Sapin Vert, ce quartier tout neuf de Wattrelos, où nous étions récemment installés était manifestement encore à l'état de chantier.

Face à notre nouvelle maison, on apercevait un immense terrain vague, clairsemé de quelques buissons de verdure, mais on y trouvait de nombreux matériaux de construction et quelques grues.

Juste en face sur la droite, était en train de sortir de terre une barre d'immeubles impressionnante à nos yeux d'enfants, puisque c'était le début d'une période de nouvelles constructions à la verticale.

Il faut dire que cela ne ressemblait en rien à ce que nous avions connu précédemment dans nos courées où les maisons n'étaient surmontées que d'un seul étage.

Devant cette barre d'immeubles inachevés il fallait lever la tête pour apercevoir six étages !!!!

C'était à peine croyable et j'avoue que mon frère et ses camarades mouraient d'envie d'aller visiter de plus près.

C'est ainsi qu'un dimanche matin, alors que nous étions en promenade devant ces immeubles a peine sortis de terre. L'idée vint a mon frère et ses amis d'aller faire une visite plus approfondie.....

Je les accompagnais, ravie de cette nouvelle aventure rebondissante de découvertes.

Nous allions d'étage en étage pour compléter notre curieuse visite jusqu'au dernier étage où nous avions improvisé un jeu : "Les locataires de l'appartement".

Seul détail auquel nous n'avions pas prêté attention, les portes ne comportaient pas encore de poignée, quand soudain un coup de vent énorme referma et claqua la porte derrière nous. Misère !!!! Nous nous retrouvions enfermés dans une pièce !!!!

Pétrifiés les camarades de mon frère se mirent à pleurer et à désespérer, alors que je m'imaginais passer la nuit dans cette pièce vide et inconfortable, pleine de courants d'air....

Finalement mon frère très courageux pris l'initiative de passer par l'étroit rebord de la fenêtre pour atteindre le rebord de la fenêtre voisine, et de casser la vitre afin de se retrouver à l'extérieur et trouver une solution pour nous libérer.

Je frissonnais à l'idée que mon frère,ce héros, glisse du rebord de la fenêtre et tombe dans le vide. Il réussit brillamment et ses amis rassurés finirent par le suivre, sauf moi, du haut de mes six ans je refusais catégoriquement d'escalader le rebord extérieur des fenêtres.

Sans solution, je patientai et j'avais l'impression qu'il s'écoulait beaucoup de temps avant l'arrivée triomphante de mon frère suivi de ses camarades.

Il avait déniché une barre de fer avec laquelle il s'évertua de toutes ses forces à défoncer la porte, il n'avait que 10 ans et pas suffisamment de force pour forcer la porte mais il réussit finalement à y faire un énorme trou en plein milieu pour qu'un de ses camarades pénètre dans la pièce où j'étais enfermée.

C'est ainsi qu'Ils réussirent à me faire passer par le trou de la porte, comme un saucisson, pour me délivrer.

J'y laissai quelques cheveux et quelques écorchures, mais soulagée d'être enfin délivrée.

Nous étions pressés de rentrer chez nous devant nos parents déconcertés et soulagés de nous retrouver, ils avaient entretemps, affolés, s'imaginant le pire, prévenu le commissariat de police de notre disparition, sachant qu'il y avait un canal pas très loin de chez nous.

Le lendemain un inspecteur de chantier fit le tour du quartier afin de savoir si quelqu'un avait vu qui avait commis des dégradations sur le chantier, évidemment personne ne parla de cette histoire dont mon frère, ses camarades, et moi-même en avons tiré la leçon, et ne plus jamais s'aventurer dans une telle expédition sur les chantiers du quartier !!!!

Notre maison du Sapin Vert, pas encore terminée, il n'y avait pas encore de jardinet en façade..Mon frère en vélo et moi à côté

Ma petite soeur au premier plan, faisant ses premiers pas, et derrière en fond la fameuse barre d'immeubles encore en travaux, où je fus enfermée