La mer

Les seules vacances que j'avais eu l'occasion de connaitre avant ma neuvième année était la campagne en Belgique ou maman et mon frère étions partis pour trois mois, afin de soigner cette maudite toux de coqueluche, je n'avais que quatre ans, par la suite il m'arrivait d'aller faire un séjour chez une tante maternelle à Leers, une toute petite ville, entourée de champs et proche de Wattrelos.
A cette époque je ne connaissais pas la mer, située à quelques dizaines de kilomètres pour se rendre sur la cote la plus proche de chez nous en Belgique.
Je n'avais jamais vu la mer, sinon qu'en photo, alors que mes parents me parlaient souvent de la Cote d'Azur, de la Méditerranée et de Toulon où ils se rendaient parfois l'été avant ma naissance, chez un oncle maternel, et je mourais d'envie d'aller voir la mer.
C'est ainsi que mon père décida un jour de m'y emmener, et comme il n'avait pas de voiture, il me proposa le voyage en mobylette.
Pour moi ce fut un grand jour.
J'étais assise derrière lui sur le porte bagage et je m'agrippais à mon père de toute mes forces pour ne pas le lâcher ni tomber, je trouvais l'expédition interminable, pressée d'arriver, alors que nous n'avions que 70 kilomètres à effectuer pour nous rendre à Coxyde en Belgique.
Le paysage me paraissait monotone, nous traversions des champs à perte de vue, mais cet événement était tellement important pour moi qu'il m'a marqué définitivement.
A l'approche de la ville, je pouvais admirer de jolis villas qui n'avaient rien à voir avec l'aspect et l'architecture des maisons du Nord de la France, et j'ai toujours d'ailleurs apprécié ces jolies maisons que l'on peut admirer le long des routes en pays flamand.
Je n'ai pas oublié lorsque mon père m'a demandé de respirer profondément pour humer l'air iodé, dés notre arrivée et de goûter le sel sur mes lèvres.
Lorsque nous sommes descendus de la mobylette, pour nous promener dans la ville, je restais muette et éberluée devant tout ces boutiques qui vendaient des bouées, des ballons, des parasols et autres articles de plages que je découvrais pour la première fois de ma vie.
Puis nous nous sommes aventurés vers la grande plage de sable de sable fin, c'était la marée basse et je me trouvais devant cette vaste plage de sable fin et cette immensité d'eau grise et remuante de vagues molles de la Mer du Nord que je pouvais voir enfin, même si la température de l'eau n'était pas propice à la baignade. Il y avait de nombreuses mouettes bruyantes, et un peu plus loin on apercevait quelques dunes.
Comme mon père ne faisait jamais les choses à moitié, et comme tout bon vivant qui se respecte, il m'emmena dans un restaurant très chic, ce fut la fête pour moi.
Puisque nous étions au bord de la mer, il m'avait commandé une sole frite, spécialité de la côte belge, et ce dessert qui à l'époque était assez rare et exotique, une glace exquise à l'ananas, dont j'ai définitivement gardé le gout acidulé, l'ananas étant devenu par la suite mon fruit préféré.
La journée passa trop vite et après une brève promenade il était déjà l'heure de quitter ce lieu magique.


Je me souviens dés mon retour, avoir entendu mon père annoncer à ma mère que durant cette journée, il ne risquait pas le mal de tête en ma compagnie.
En fait il m'avait trouvée peu loquace, mais n'imaginait pas que la petite fille très observatrice, était un peu Alice au Pays des Merveilles concentrée sur cette grande découverte de la mer.


Je gardais un excellent souvenir de cette journée mémorable.