Avec la nouvelle déco du bistrot, le billard, le juke-box et le flipper, les habitués du jeu de bourles semblaient perdus dans ce nouvel environnement, une clientèle vieillissante qui n'avait pas suivi le cours de l'évolution de la vie, et avait fini par déserter le bistrot.
Si mes parents s'inquiétaient de cette situation, mon frère allait la résoudre rapidement, pour son plus grands plaisir, puisqu'il allait procéder à une certaine mutation de la clientèle lui et ses copains.
Du jour au lendemain, nous étions passés de bistrot de quartier avec sa clientèle d'habitués, au bistrot branché avec une clientéle constituée uniquement de jeunes qui s'empressaient de venir dans notre bar pour se rencontrer, écouter la musique de l'époque avec Elvis Presley, Johnny, les Chaussettes Noires et Eddy Mitchell, Budy Holly et j'en passe, mais aussi pour danser le twist dans l'arrière salle aménagée en dancing, ou se rapprocher en dansant le slow sur les chansons de Richard Anthony.
Tous les jeunes branchés des environs se retrouvaient chez nous, dernier lieu à la mode qu'il ne fallait en aucun cas rater.
L'ambiance était joyeuse, très vivante mais également très bruyante !!!
J'étais une ado particulièrement timide, et cette période ne me plaisait pas vraiment, au lieu de danser le twist, je préférais le cinéma avec tous ces peplums de l'époque, plutôt que de m'exhiber dans le bistrot avec tous ces jeunes dont certains me jetaient des regards dont je me serais bien passé.
Aussi quand maman me demandait de venir l'aider au bar, je me cachais derrière la machine à café, afin d'éviter les regards ou les réflexions des clients, je prétextais souvent avoir des devoirs à terminer et je me retirais seule dans notre séjour pour me consacrer à ma passion de l'époque, le dessin.
C'était la période des belles années, je dirai celles de mon frère, mes belles années arriveraient un peu plus tard.................