Quelques détails pratiques
Le principe est de poser des questions à un panel de personnes prêtes à répondre à un sondage en ligne. Pour le panéliste, ça se passe en deux temps :- D'abord, des questions de sélection : elles permettent de filtrer les panélistes, c'est-à-dire de virer les panélistes qui ne vous intéressent pas.
- Puis les questions de l'étude proprement dite.
J'ai retenu des questions du type : "Seriez-vous prêt à investir en crowdfunding dans un service aux entreprises ?". A priori, mes panélistes sont donc des investisseurs potentiels.
Comme une étude précédente sur le crowdfunding avait mis en évidence au moins 70 personnes dans le panel susceptibles d'investir en crowdfunding, on est donc parti sur l'interrogation de 70 panélistes (qualifiés par les questions de sélection).
Budget : 126€ (dont la moitié doit m'être remboursée par mon site de crowdfunding Sparkup). Cela représente en gros une rémunération de 1 € par panéliste. Vu que le questionnaire prend moins de 5 minutes à remplir, ce n'est pas si mal payé.
Au passage, première interrogation, premier doute. Que font des gens prêts à investir de l'argent dans une entreprise sur un site qui les rémunère à hauteur de 1 € le questionnaire ?
Résultats
Premier constat : c'est très rapide. Le questionnaire a été mis en ligne vers midi, j'avais les résultats le soir.Mais aussi rapide, c'est louche. Soit ils ont une quantité énorme de personnes dans leur panel (27 000 d'après le site) qui sont des investisseurs potentiels, dont beaucoup ont quelques minutes à tuer en journée, soit il y a un problème de ciblage. À moins que Deucalion soit très sexy pour les panélistes, mais vu le nombre de contacts professionnels que j'ai informé de la campagne et le retour obtenu, j'ai tendance à exclure cette hypothèse.
Second constat : à la question finale "Pourriez-vous investir en crowdfunding dans un tel projet ?" (sachant que les panélistes avaient été invités à voir le site de la campagne de Deucalion et la vidéo), j'obtiens un magnifique 90% de oui.
Génial ! Bon, depuis hier, on ne peut pas dire que ce soit le rush vers l'investissement dans Deucalion. On va laisser passer quelques jours en gardant espoir. Un investissement, après tout, ça mérite d'être étudié attentivement.
J'analyserai sans doute plus en détails les réponses dans un prochain article. Toutefois, j'observe aussi dans les catégories socio-professionnelles (c'est l'une des informations supplémentaires fournies par AdoctA) des "investisseurs" sélectionnés par les questions de sélection, on a 22% d'inactifs (étudiants ou sans profession), 36% de personnes dans des catégories professionnelles intermédiaires (employés, techniciens...) et donc uniquement 42% de personnes se déclarant au moins d'un niveau cadre ou assimilé.
Si l'on rajoute mes remarques précédentes sur l'étonnante disponibilité des panélistes à répondre pendant une après-midi de semaine et sur la rémunération finalement dérisoire des panélistes, on peut fortement douter qu'il y ait parmi les 63 investisseurs (90% de 70 panélistes) des gens disposant de moyens suffisants pour investir substantiellement.
Conclusion provisoire
Ce sondage se voulait à la fois une prise de température sur l'image que véhicule le projet Deucalion, mais également un moyen de communiquer sur le projet et de trouver des investisseurs.Pour le premier point, je pense qu'il m'apportera des éclaircissements intéressants. Et je ne peux que recommander AdoctA pour ce genre d'études.
Pour le second, on l'a vu, j'ai de profonds doutes sur l'arrivée d'investissements significatifs. Mon interprétation est la suivante.
Le terme de crowdfunding ou de financement participatif recouvre essentiellement dans le grand public la notion de crowdfunding en don. La notion même d'investissement, d'acquisition d'actions, n'est pas forcément comprise. Investir en crowdfunding, c'est donner, pour beaucoup de gens. C'est aider un porteur de projet en lui filant un coup de pouce. On est loin du concept d'investissement proprement dit. Il y a là une sorte de glissement sémantique.