Cette droite si french touch. Ces cathos si rétros.

Les droites n’aiment pas la rue. Leur désir d’y paraître bruyamment soutient des revendications qui montrent leur répugnance du progrès. Quand les droites manifestent, c’est pour demander la restriction des droits, c’est pour motiver des régressions sociales au nom d’une représentation morale de la vie citoyenne. C’était leur justification principale lors des manifestations de 2013 contre la loi instaurant le mariage entre personnes de même sexe. Elles remettent la tournée en s’opposant aux modifications de la loi Veil apportées par la loi sur l'égalité entre les femmes et les homme débattue à l'Assemblée nationale depuis le 20 janvier. Moderniser la loi Veil (17 janvier 1975), prendre acte que l’environnement sociétal s’est modifié est intolérable aux Ligues catholiques de plus en plus affranchies de la réserve qui les dissuadait d'afficher leur fondamentalisme. Le lobby catho décomplexé exhibe deux visages : d’un côté le Pape dont les services de com du Vatican installent un portrait bon enfant en rupture avec les usages de son prédécesseur, de l’autre les agitateurs catholiques dans leur tradition régressive théorisée par l’Opus dei. Des mouvements intégristes tels que Civitas ou SOS tout petits organisent des prières de rue devant l'hopital Tenon à Paris ou constituent régulièrement des commandos anti avortement qui parfois saccagent les locaux hospitaliers. 

Les droites titillées par les réseaux catho ont manifesté dimanche 19 janvier à Paris contre l'avortement. Quand les cathos manifestent contre quelque chose ils ont l’habitude de déclarer qu’ils défendent une noble cause. En l’occurrence, la manifestation de dimanche était une « Marche pour la vie ». Qui serait contre la vie ? Dans les dictatures, il y a la plupart du temps un parti de la liberté.

Des chapelets de slogans bien trempés qui mettent Dieu donné gagnant à l’étendard des bannières des petites haines ordinaires pimentaient la procession. Les banderoles VIVA ESPAÑA étaient nombreuses dans le cortège. Les manifestants se prennent à rêver d’un transfert en France de la nouvelle législation espagnole très restrictive du point de vue des droits à l’IVG. Eux qui n’aiment rien tant que les régimes glauques pourvoyeurs de morale putride orchestrée par des clercs souffreteux habitués aux confessionnaux aux odeurs d’humidité et de remugle étaient au bord du vertige en pensant combien l’Espagne était vertueuse jusqu’en 1975. Plus d’un avait envie de se lâcher et de clamer urbi et orbi son exaltation pathétique. Tout ce qui est espagnol leur convient désormais. Afin de peaufiner leur respectabilité, ils tempèrent leur enthousiasme alors qu’ils aimeraient tant pouvoir y aller franco.