Magazine Culture

Le projet Pirelli pour protéger la lagune

Publié le 23 janvier 2014 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

Protéger la ville des assauts de l’Adriatique a toujours été une obsession des vénitiens soucieux de se protéger des acqua alta.

Nous avons déjà eu l’occasion de vous en parler, le 15 décembre 1662, Federico Gualdi présentait son nouveau projet pour sauver la lagune de Venise des marées de l’Adriatique.

Bonaparte, également, avait fait consacrer un budget important à la consolidation des enrochements et des digues qui séparent la lagune de la mer.

Puis, on a imaginé la construction du MOSE qui a abouti, ces derniers mois sur un des plus gros scandales financiers connus. Si ce projet a vu le jour, c’est à la suite de l’Acqua Alta historique du 4 novembre 1966 et de ses dramatiques conséquences.

Acqua Alta historique du 4 novembre 1966
Article écrit avec l’aimable complicité de Gigio Zanon

Pendant l’été 1975, un groupe de recherche composé d’industriels s’est penché sur le problème des inondations et de l’idée de fermer les portes de la lagune.

Ce groupe était composé de la société de pneumatique Pirelli, du groupe textile Erika Glanzstoff, et  de l’entreprise de construction Furlani.

Ce nouveau projet avait l’avantage d’un faible coût initial et d’une installation rapide. Le "système Pirelli" consistait en un long tube flexible, fait de nylon enduit de caoutchouc synthétique. Ces tubes devaient être placés le long de chaque entrée de la lagune, et maintenus en position par des câbles tendus de part et d’autre du tube et reliés à des colonnes en béton sur les fonds, sous l’eau.
Quand ails étaient dégonflés, les tubes étaient aplatis et complètement immergés au fond.
Lorsqu’une inondation était prévue, des stations de pompage auraient rempli les tubes avec de l’eau de mer et ils se seraient gonflés, il aurait refait surface pour bloquer l’entrée de la lagune.
Le danger passé, les stations de pompage auraient enlever l’eau du tuyau, lesquels se seraient enfoncés de nouveau au fond de la mer.
Ces portes en caoutchouc offrait l’avantage de la flexibilité, ayant absorbé la force des vagues, au lieu d’y résister mécaniquement.

De plus, leur impact sur le paysage et l’éco-système de la lagune était presque nul.

Le système Pirelli

Des essais furent réalisés à l’embouchure d’un canal du delta du Pô, qui s’est avéré très concluant.

Le consortium a donc été invité à exécuter l’estimation du coût dans la lagune de Venise, et il est apparu que le projet pourrait être achevé dans les deux ans pour un coût d’environ 23 milliards de Lires.
L’UNESCO a immédiatement proposé d’accorder un crédit pour aider à financer l’ensemble de l’opération.

Nous aurions donc pu bénéficier d’un système de protection de la lagune dès le début des années 1980, si…

Les industriels cimentiers ont fait alors un important travail de lobbying (pour ne pas dire de corruption, comme la suite le prouvera), auprès des politiques et des responsables de l’administration, pour faire échouer le projet.

Le projet MOSE, qui a eu la "préférence" des décideurs, à couté à ce jour, évasion fiscale, détournements et corruption comprise, l’équivalent de 160 milliards de Lires (80 millions d’Euros), financés par les impôts des contribuables de l’Europe entière…

… et personne n’est capable de prédire si le MOSE sera capable de protéger la lagune et de résister aux assauts de l’Adriatique.

Essais du projet Pirelli dans le delta du Pô


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Oliaiklod 11319 partages Voir son blog

Magazines