Unicité

Publié le 22 janvier 2014 par Malesherbes

On nous rebat les oreilles de la cloison étanche qui existerait entre vie privée et vie publique. J’avais pu constater que mon employeur s’évertuait à bien préserver ce mur infranchissable : au fil de mes trente-quatre ans de présence dans l’entreprise, pendant lesquels j’effectuais de fréquents déplacements à l’étranger, mon épouse ne m’a accompagné que deux fois mais ce fut à mes frais. Par un raffinement suprême, lorsqu’on faisait remarquer que l’indemnité de repas en déplacement était inférieure au coût d’un repas en restaurant, il nous était rétorqué que ladite indemnité n’était destinée qu’à compenser le surcoût occasionné par un repas pris à l’extérieur, les repas de tous les jours restant naturellement à notre charge. Inutile de vous dire que les privilèges dont bénéficient de nombreux politiques me laissent pantois, et révolté, surtout en des temps de faillite qui, si l’on en croit François Fillon, étaient déjà patents en 2008.

L’homme est un. Il ne dispose pas d’un compartiment public et d’un compartiment privé. Lorsqu’un salarié se retrouve au chômage, il subit bien une catastrophe professionnelle, publique. Mais les conséquences viennent aussi frapper sa famille qui plonge dans la précarité. Ces dommages sont bel et bien privés, avec en prime des risques pour sa santé psychique. Inversement, lorsqu’un individu est frappé par un deuil ou une maladie grave, ses performances professionnelles risquent d’être affectées. De même, lorsqu’il traverse une dépression nerveuse, quelle qu’en soit l’origine, c’est tout son élan vital qui disparaît, dans la sphère privée comme dans la sphère publique. Même si l’on peut le regretter, la frontière entre ces deux sphères est très poreuse.

Sur un mode plus badin, une personne émue à l’idée d’une prochaine escapade amoureuse peut-elle se consacrer entièrement à son travail quotidien ?