Les soucis commencent dès la sortie de Les Chroniques de Riddick en 2004 – second opus de la franchise après Pitch Black (2000) -, et ses timides résultats au box office international : 115 millions de dollars de recettes pour un budget de 105 millions. Pour les dirigeants d’Universal, le film n’est pas rentable. L’idée d’un troisième film est alors mise de côté.
Le problème, c’est que David Twohy, à la fois scénariste et réalisateur, envisage deux autres films après Les Chroniques de Riddick. Si Pitch Black est considéré comme un one-shot, à la fin duquel Riddick devait initialement mourir, Les Chroniques de Riddick est, quant à lui, pensé comme le premier volet d’une trilogie. La réticence du studio à produire un nouveau film est donc mal venue. Un frein considérable qui mettra deux ans à être surmonté.
Vingt quatre mois durant lesquels Vin Diesel, très attaché à son personnage (Riddick étant son premier rôle principal au cinéma), va négocier les droits de l’univers auprès du studio. Pour cela, Vin Diesel accepte de revêtir le t-shirt blanc de Dominic Toretto le temps d’un caméo dans Fast and Furious : Tokyo Drift (2006) ; autre saga produite par Universal. Mais une fois les droits de Riddick en poche, un nouvel obstacle se présente à l’acteur/producteur : le financement du film.
Très à l’écoute de ses fans sur les réseaux sociaux, qui lui réclament en permanence un nouveau film sur Riddick, Vin Diesel se rend compte que sa petite apparition dans Fast and Furious : Tokyo Drift a fait beaucoup de bruits auprès des inconditionnels de la saga motorisée. Lui vient alors l’idée de discuter avec Universal sur un éventuel retour de Dominic Toretto dans Fast and Furious 4 (que le studio envisage déjà). Bingo ! Le projet séduit les dirigeants qui en profitent pour faire revenir le casting originel du premier volet : Paul Walker, Jordanna Brewster et Michelle Rodriguez. Fast and Furious 4 est un succès avec 363 millions de dollars de recettes mondiales. Suivront deux suites toutes aussi fructueuses (626 millions pour Fast and Furious 5 et 788 millions pour Fast and Furious 6) qui permettront à Vin Diesel d’amasser suffisant d’argent pour enfin lancer le projet "Riddick".
Mais le temps presse. Si le tournage de Riddick ne débute pas rapidement, Vin Diesel risque de perdre les droits de son personnage acquis en 2006 ; ces derniers revenants à Universal. Dans l’urgence, n’ayant pas encore touché les recettes du dernier Fast and Furious, Vin Diesel n’a d’autre choix que d’hypothéquer sa maison. Le tournage de Riddick débutera tout juste un mois avant la cession de contrat. De justesse donc, mais le film est officialisé.
Avec ces quelques péripéties financières, Riddick ne peut évidemment pas jouir du même budget que son prédécesseur (105 millions $) et se contentera de 38 petits (!) millions de dollars. Artistiquement, David Twohy doit revoir sa copie. Rien d’alarmant puisque le scénariste avait prévu le coup en préparant deux scénarii différents pour le film.
Avec un budget serré, David Twohy et Vin Diesel sont donc contraint de réaliser Riddick comme un film indépendant, tout en acquérant, en contre partie, plus de liberté (le film est interdit aux moins de douze ans). Un mal pour un bien puisque Riddick se révèle être une série B convaincante et sans prétention, parfois gore, se focalisant principalement sur son anti-héros iconique au détriment de sa grande variété de seconds rôles ; certains ayant même un retour de veste surprenant en fin d’aventure. Mais il faut bien justifier le titre du film.
Riddick s’ouvre sur une première partie clairement réussie : un survival d’une trentaine de minutes durant lequel Vin Diesel, charismatique et animal, est seul à l’écran. David Twohy n’oublie pas de faire la liaison avec Les Chroniques de Riddick le temps d’un flash-back empli de mythologie ; que les fans apprécieront. La suite du film revisite la formule de Pitch Black, ce qui n’est pas un reproche malgré le manque de surprise évident. Les effets visuels, très présents tout au long du film, alternent le très bon et le risible. Mais dans l’ensemble, Riddick à le mérite de remplir son cahier des charges et de relancer la franchise de manière salutaire. L’attente sera-t-elle aussi longue pour conclure la trilogie ? Croisons les doigts pour que ce ne soit pas le cas.
RIDDICK ★★★
Réalisé par David Twohy.
Avec Vin Diesel, Karl Urban, Katee Sackhoff et Jordi Mollá.
Durée : 1h59min
En DVD et Blu-Ray à partir du 18 janvier 2014.
Distribué par Metropolitan Filmexport.
Remerciements : Metropolitan Filmexport.
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