Bouffes Parisiens4, rue Monsigny75002 ParisTel : 01 42 96 92 42Métro : 4 Septembre / Pyramides
Le spectacle : Ce duo d’humour musical, chic et populaire, a trouvé dans le théâtre historique d’Offenbach l’écrin idéal pour sa nouvelle création.Delicatissimomarque le grand retour de Bart van Caenegem au piano, aux côtés du brillant ténor et violoncelliste Peter Hens. Nos deux aventuriers partent à la recherche de l’Archet perdu… Cette quête échevelée les conduira à des découvertes musicales aussi improbables qu’hilarantes. En outre, la technologie moderne s’est insidieusement infiltrée dans ce spectacle…
Mon avis : J’en ai vus en une trentaine d’années de ces spectacles musicaux que l’on qualifie de « burlesques », mais qui atteignent un tel niveau d’excellence, jamais ! J’en ai pris plein la tête, plein les oreilles et plein les yeux. Pas besoin d’avoir fait Belge en première langue, on comprend tout… Mais le fait que Peter Hens et Bart Van Caenegem soient Belges explique beaucoup de choses. Une fois que l’on a intégré le fait que nous avons affaire à deux virtuoses (Bart est même multi-instrumentiste), leur seconde particularité, toute aussi évidente, est leur sens de l’humour. Au surréalisme et à l’autodérision ataviques de leur pays, ils ajoutent une forte dose de non-sens typiquement britannique…
Leur belgitude, ils la revendiquent dès leur premier morceau. Le mythique tube de Saint-Preux devient ainsi Le Concerto pour une… fois. Les choses sont ainsi dites, le ton est donné, dès lors nous allons assister à 1 h 35 d’un délire absolu mais parfaitement maîtrisé. Tout y passe : dérapages musicaux, enchaînements audacieux et subtils, détournements d’œuvres majeures, paroles plaquées sur d’autres mélodies, « symphonisation » de chansons hyper populaires (Sheila, Cloclo, Johnny… même Les Sardines de Patrick Sébastien s’invitent dans ce spectacle), tout cela s’emboîte magistralement façon matriochkas (poupées russes). On imagine les heures de travail et la somme de répétitions nécessaires à l’obtention d’un tel niveau de perfection.Car, non seulement la musique est irréprochable, mais les textes chantés ou parlés, parsemés de calembours et de jeux de mots d’un niveau remarquable, sont formidablement écrits (l’histoire, pour complètement loufoque qu’elle soit, possède néanmoins une vraie cohérence) et tout aussi admirablement interprétés. Peter Hens fait ce qu’il veut avec sa voix, il peut tout chanter. Et il le prouve.
Je ne veux rien dévoiler de plus quant au contenu et aux surprises qui nous laissent abasourdis de bonheur. Les trouvailles foisonnent : gags visuels, effets spéciaux, jeux de lumière… C’est un spectacle total. Et que dire du final !...Delicatissimo peut être qualifié d’œuvre de Genèse. Peter et Bart son des mélodieux de l’Olympe. J’ai rarement entendu autant de gloussements de plaisir dans une salle. Avec cette Framboise aussi Frivole qu’éminemment juteuse et survitaminée, je n’ai pas vu le tempo passer.Je crois que je retournerai aux Bouffes Parisiens car je sais que je suis passé à côté de jeux de mots et de subtilités qui se sont retrouvées noyés par les rires ou, tout simplement parce que ça s’enchaîne trop vite.Courez vite voir et déguster Framboise Frivole. C’est une gourmandise absolue.
Gilbert « Critikator » Jouin