« Je suis sorti comme j’étais entré. Mêmes fringues pourries sur le dos et sac Tati à la main. Juste plus léger, côté des illusions ».
La découverte d’un téléphone portable, perdu dans le musée qui recouvre son magot, lui offre bien vite une lueur d’espoir, à laquelle il choisit de s’accrocher pour tourner le dos à la poisse. Séduit par la voix de cette mystérieuse inconnue au bout du fil, il prend la route vers l’Italie, bien décidé à lui remettre le précieux objet en main propre.
« Elle habitait en Italie. Elle aimait Bach. Et moi, j’aimais déjà sa voix ».
Le périple d’Abel se développe sous forme de road-movie, reposant sur une voix-off qui partage avec brio les pensées désabusées de cet ex-taulard. Proposant un scénario d’une grande linéarité, qui puise de temps en temps dans les souvenirs d’enfance du personnage afin de mieux baliser son parcours dépourvu d’espoir, Rascal et Thierry Murat livrent une histoire pleine d’amertume. Au fil des rencontres (un vieux chien, un jeune fugueur, …) le personnage se dévoile et profite de cette liberté récemment retrouvée, tout en laissant libre cours à ses pensées.
« J’ai bu un expresso issu du commerce équitable, paumé dans un grand gobelet en carton avec touillette en plastique. J’avais fait ma BA de la journée ».
Visuellement, le dessin de Thierry Murat (Les larmes de l’assassin, Elle ne pleure pas elle chante) va à l’essentiel. Cette mise en images très sobre accompagnée d’une bichromie aux teintes variables accompagne avec brio la solitude de cet ancien détenu. Le découpage basé sur trois cases muettes aux allures panoramiques s’installe au diapason de ce road-movie bercé par de grands espaces.
Ils en parlent également : Mo’, Madoka