Le loup, le petit pot de beurre et le psy qui ergote (à propos de Nicolas Dhuicq)

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

Quand le pouvoir lubrifiant du beurre ne suffit pas

Les débats sur le projet de loi d’avenir de l’agriculture, de l’alimentation et des forêts (LAAF) s’achevaient le 14 janvier à l’assemblée nationale. Au cours de ces débats, Nicolas Dhuicq,  le psychiatre et député-maire UMP de Brienne-le-Château (petite ville d'environ 3500 habitants) est intervenu à plusieurs reprises pour tenter, sans succès, de faire passer plusieurs amendements. Le petit pot de beurre n’a pas suffit.
Le jeudi 12 décembre, il a défendu deux amendements concernant le loup, et la possibilité de le chasser lorsqu’il s’attaque aux troupeaux.
Décrivant une meute de “cinq à six individus" (NDLB: à l’air pas tibulaire mais presque) dans l’Aube, Nicolas Dhuicq a plaidé la cause des éleveurs devant la représentation nationale et a prédit des attaques contre l’homme avant dix ans.
Dans sa réponse, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll a convenu que le développement de la population de loups pouvait présenter “un risque”, et que ce n’était pas “un sujet mineur”, avant de rappeler que le gouvernement devait trouver le moyen de respecter la Convention de Berne (qui classe le loup parmi les espèces protégées) tout en maîtrisant le développement du loup en France, “sinon nous risquons d’avoir de vrais problèmes de cohabitation dans les domaines agricole et pastoral, mais aussi avec l’élevage - sans oublier le traumatisme pour les populations.”
Les deux amendements de Nicolas Dhuicq n’ont pas été adoptés, parce que non conformes à la Convention de Berne. Le pot de beurre n'a pas aidé.

Commission des affaires économiques
Jeudi 12 décembre 2013, séance de 21 heures 30,  compte rendu n° 42
La Commission est saisie de deux amendements portant articles additionnels après l’article 18.
Elle examine d’abord l’amendement CE1254 de M. Nicolas Dhuicq.

M. Dino Cinieri. La propagation du loup sur notre territoire constitue une véritable menace pour l’élevage, particulièrement l’élevage ovin. Les moyens de protections que les bergers ont tenté de mettre en place se révèlent inefficaces. L’amendement tend donc à autoriser les battues administratives lorsqu’une attaque de loup sur des troupeaux ou des êtres humains a été constatée.
Je rappelle qu’excédés, les maires de la vallée de l’Ubaye ont menacé de démissionner après 117 attaques de loup : 564 brebis avaient été tuées en quelques mois ! Une battue a été organisée, mobilisant 120 agents de l’Office national de la chasse, 38 lieutenants de louveterie et 131 chasseurs bénévoles.

M. le rapporteur. Je comprends le problème, mais on ne peut classer une espèce très protégée dans la catégorie des animaux nuisibles. Avis défavorable.

M. le ministre. Même avis. Les espèces protégées par la convention de Berne ne peuvent faire l’objet de battues administratives, réservées aux animaux nuisibles.

La Commission rejette l’amendement. Puis elle examine l’amendement CE1255 de M. Nicolas Dhuicq.

M. Dino Cinieri. Cet amendement vise à autoriser les préfets à délivrer aux éleveurs victimes d’attaques de loup une autorisation de tir valable pour l’année en cours.

M. le rapporteur. Je comprends que l’amendement puisse répondre à une demande locale, mais il n’est pas acceptable au regard des réglementations nationale et européenne. Avis défavorable.

M. le ministre. Avis défavorable également. La disposition existe déjà, dans le cadre négocié du plan loup, qui autorise les tirs de défense à canon scié ou lisse, selon que le tir est préventif ou létal.

La Commission rejette l’amendement.

Et hop, sur le divan…

Le débat sur l’origine des lycanthropes dure depuis des centaines d’années et voit s’affronter des théories très diverses qui impliquent à la fois des théologiens, des anthropologues, des enquêteurs, des médecins, des occultistes et des spécialistes du loup.

Bien que les attaques de loups, les berserkers, les symptômes de maladies, de troubles psychiatriques et d’abus de drogues expliquent largement les légendes de lycanthropes, il reste une part de mystère dans leur universalité, et dans le fait que la croyance dans la métamorphose physique et la possession demeure largement répandue.

L’anthropologue Robert Eisler attire l’attention sur le fait que de nombreux noms tribaux indo-européens ainsi que quelques noms de famille modernes signifient « loup » ou « homme-loup ». L’argument est que la transition européenne de la cueillette de fruits à la chasse fut un processus conscient, accompagné d’un bouleversement émotionnel qui reste gravé dans le subconscient de l’humanité. On retrouverait les traces de ce bouleversement à travers la croyance aux lycanthropes.

L’homme a toujours été fasciné par le loup, animal de meute et principal prédateur des régions d’Europe occidentale. Le loup incarne symboliquement la face sombre de l’espèce humaine, la cruauté de l’homme livré à lui-même, et de l’homme libre des contraintes que la civilisation tente de lui imposer. Plus tard, les théoriciens de l’école pessimiste anglo-saxonne magnifient cette énergie carnassière de l’« humaine nature ».

Drogues hallucinogènes
Les effets toxiques de certaines plantes hallucinogènes et les céréales infectées par un champignon pourraient avoir convaincu de nombreuses personnes qu’elles s’étaient transformées en loups. Les médecins prescrivaient autrefois la belladone hallucinogène, ou morelle noire, contre les maux de tête et d’autres affections. Cependant, si elle est prise en trop grandes quantité ou mélangée à un baume, cette drogue provoque des hallucinations.

Au Moyen Âge, le blé qui servait à faire le pain était souvent infecté par l’ergot de seigle, un champignon alcalin qui a des effets hallucinatoires comparables à ceux du LSD et provoque l’ergotisme.

La lycanthropie clinique semble être accentuée ou même due à l’absorption de certaines drogues hallucinogènes. Des affaires impliquant la légende du loup-garou sont liées à l’absorption de végétaux aux propriétés psychotropes, ainsi, un soldat américain de vingt ans se prit pour un loup-garou après avoir absorbé du LSD et de la strychnine pendant qu’il se trouvait dans une forêt en Allemagne. Il prétendit avoir vu pousser une fourrure sur ses mains et sur son visage et ne put résister à l’envie de chasser et d’attraper des lièvres vivants pour les dévorer.

Il erra ainsi plusieurs jours durant avant de revenir à sa caserne où il subit une désintoxication progressive et se fit prescrire une thérapie de neuf mois, pendant laquelle il affirmait entendre des voix désincarnées et avoir des visions sataniques. Il affirmait être possédé par le démon et avoir des pouvoirs extraordinaires. Ses hallucinations s’apparentaient à une « psychose schizophrénique ou toxique aiguë ». La thérapie restant sans effets, il fut redirigé vers une clinique de jour mais après deux visites, il interrompit le traitement et disparut.

En 1951, à Pont-Saint-Esprit, dans le Gard, 50 personnes furent hospitalisées et 7 d’entre elles moururent empoisonnées par du pain qui aurait été infecté par l’ergot de seigle. Les victimes eurent d’horribles visions et se crurent attaquées par des tigres et des serpents, elles se croyaient transformées en bêtes sauvages.

Diabolosation du loup

Les mythes, légendes et récits du folklore impliquant des loups comme forces positives sont presque essentiellement issus de traditions dites païennes, qu’il s’agisse des deux loups Geri et Freki qui accompagnent Odin dans la mythologie nordique, de ceux de Lug dans la mythologie celte, de la louve qui allaita Romulus et Rémus ou encore des Turcs et des Mongols qui se disaient descendants de la race des loups.

Cette particularité a pu contribuer à faire du loup une créature diabolisée par les autorités chrétiennes, de plus, pour les habitants des campagnes dans une Europe en pleine expansion démographique et en phase de défrichement massif, le loup passait pour un envoyé du Diable, on comprend facilement pourquoi les autorités religieuses de l’époque se mirent à le diaboliser et à prôner son extermination.

Source: Lycanthrope sur Wikipédia
Autres saillies de Nicolas Dhuicq
Au cours de ces débats, la droite a vivement contesté la définition de l’agro-écologie : “un système de production privilégiant l'autonomie des exploitations agricoles et l'amélioration de leur compétitivité en diminuant la consommation d'énergie, d'eau, d'engrais, de produits phytopharmaceutiques et de médicaments vétérinaires", tout comme un amendement écologique introduisant "la conversion à une agriculture biologique" comme l'une des finalités de la politique agricole.

Le député UMP de l'Aube Nicolas Dhuicq n'a pas hésité, en pleine projectrion psychanalytique, à parler d'un "amendement profondément réactionnaire" qui veut "retourner à un système d'exploitation post-néolithique" et à "l'âge d'or idéal d'avant l'apparition de la chimie".  Le député a également évoqué un « retour à un système d’exploitation postnéolithique »…
Nicolas Dhuicq s’est illustré sur les bancs de l’Assemblée nationale cette année :

  • Il n'aime pas les écolos : "Nous sommes dans l'hémicycle face à une nouvelle religion publique, qui utilise la novlangue avec le terme d'agro-écologie qui reste flou et qui mélange habilement notions scientifiques, détournées, et verbe fumeux. Cette religion c'est l'écologie politique. Elle caricature ce qu'est l'écologie au sens scientifique du terme pour mettre en place une vision coupée du réel. Le système est par essence totalitaire, il encadre, prive de toute liberté, et décide par a priori ce qui non seulement est jugé comme bon, mais plus encore ce qui sera uniquement autorisé."
  • farouche opposant au mariage pour tous, en janvier 2013, en compagnie d’autres députés, proche de la Droite Populaire, Nicolas Dhuicq a déposé l’amendement "J’peux pas, demain, j’ai piscine", permettant aux maires de refuser la célébration d’un mariage d’un couple du même sexe.
  • En janvier 2014, il fait partie des seize députés du groupe UMP qui viennent de demander de dérembourser l'Interruption Volontaire de grossesse, l'IVG de Simone Veil.
  • Le député-maire de Brienne-le-Château a également et lié homoparentalité et terrorisme alors qu'un débat à l'Assemblée nationale portait sur le projet de loi sur la sécurité et le terrorisme, le député de l'Aube évoque le projet de loi sur le mariage homosexuel.

Et Nicolas Dhuicq parle d'amendements "profondement réactionnaire."

Nicolas Dhuicq a également dénoncé:

  • le gel des crédits alloués aux gendarmes,
  • la présence du loup dans le département
  • l’intervention militaire au Mali.

En 2008, il n’hésitait pas à réclamer, au nom de la solidarité nationale, l’implantation d’une poubelle nucléaire au coeur du Parc naturel régional de la forêt d'Orient. Selon lui, son territoire regorgeait d’atouts pour y accueillir des futs de plutonium !

En janvier 2013, Nicoals Dhuicq , avec 21,6 % des voix, est élu «  pire homme politique aubois de l’année 2012 » et remporte une magnifique andouillette en or (virtuelle, bien sûr...) (ici)

Saint-Sainclair, dans Auboisement correct aime beaucoup son député.

“Nicolas Dhuicq est à la démocratie ce que cette pauvre Nabila est à la culture : un truc dont l’intelligence et le raffinement ne sont pas vraiment les premières qualités”. (ici)

"Dans notre département, en matière de carabistouilles, Nicolas Dhuicq est le champion toutes catégories. On ne compte plus ses sorties approximatives sur le mariage homo, la viande halal ou le prix de P’tit Lu dans les prisons françaises. On savoure chacun de ses dérapages et on attend avec impatience le prochain tête à queue du député de l’Aube qui, à chaque fois, nous rappelle que n’importe qui peut devenir député pour dire n’importe quoi." (ici)

Pas de doute, on tient une perle !