Gibraltar // De Julien Leclercq. Avec Gilles Lellouche, Tahar Rahim et Riccardo Scamarcio.
Je dois avouer que j’ai toujours autant de soucis avec Gilles Lellouche. Julien Leclercq, réalisateur du très correct L’Assaut (2010) et
accessoirement de Chrysalis (2007), revient ici avec Gibraltar racontant une histoire de trafiquant de drogues comme on en a malheureusement déjà vu des
dizaines. Du coup, la recette est toujours la même, celle de personnages complètement perdus (et du coup le spectateur l’est tout autant), une atmosphère assez laide (visuellement le tout fait
vraiment grise mine) et puis un casting en demi teinte. Le film veut trop faire les choses dans les règles ce qui ne lui donne pas l’occasion de sortir quelque chose de nouveau. Il aurait fallu
un film moins académique, plus brut et capable de surprendre. Car l’on voit tout ce que le film tente de voir à des kilomètres à la ronde. Sans parler du fait que rapidement, le film nous plonge
dans une histoire mélodramatique particulièrement pompeuse dont on se contrefou totalement. Cela aurait pu être sympathique si seulement l’aspect trafic de drogues était lui-même réussi mais
étant donné que c’est tout le contraire… forcément je n’ai pas réussi à me sentir impliqué.
« Toujours mentir. Jamais trahir. »
Afin de mettre sa famille à l'abri du besoin, Marc Duval, un français expatrié à Gibraltar, devient agent d'infiltration pour le compte des douanes françaises.
De petits trafics en cargaisons troubles, il gagne progressivement la confiance de Claudio Lanfredi, un puissant importateur de cocaïne associé aux cartels Colombiens. Cette immersion en eau
profonde dans l’univers des narcotrafiquants lui fait courir des risques de plus en plus importants. Mais à mesure que Marc gravit les échelons du cartel, il découvre aussi le luxe et l’argent
facile... En permanence sur le fil du rasoir, seuls ses mensonges le maintiennent encore en vie. Lorsque les douanes anglaises rentrent dans la partie pour arrêter Lanfredi, le jeu devient encore
plus dangereux et sa famille risque d’en payer le prix.
L’histoire de base de Gibraltar était une bonne idée. Notamment car cela aurait très bien pu donner un bon film. Sauf que voilà, le film tombe rapidement dans les facilités.
Inspiré de faits réels, Gibraltar tente alors de donner à son histoire un aspect très mélodramatique qui tente donc d’approcher le spectateur émotionnellement parlant. Sauf que
tout ce qui est fait dans ce sens ne m’a pas touché et ne m’a pas donné envie de réellement m’investir jusqu’au bout. J’ai donc eu du mal à aller au bout de ce film qui avait le potentiel d’être
beaucoup plus efficace. Après le filtre bleu de L’assaut, Julien Leclerq nous propose le filtre gris/marron. Encore une idée merdique de la part d’un réalisateur
qui semble beaucoup trop préoccupé par ses histoires de filtre que par l’action qu’il tente de mettre en scène. Du coup, alors que le réalisateur prend du recul, il ne parvient pas à nous
impliquer dans l’intimité des personnages et l’on finit par ne rien avoir à faire d’eux. Notamment du point de vue de Tahar Rahim, convaincant mais très mal exploité.
Son personnage manipulateur est soigné sur la forme mais pas tant sur le fond. Ecrit par Abdel Raouf Dafri (Braquo, Mesrine), ce dernier nous
monte en épingle un truc qui ruiné par de la mélancolie de comptoir. S’il a pu écrit l’excellent Un Prophète, on ne peut pas dire qu’il ait réussi à faire quoi que ce soit
d’autre de réellement surprenant. Un scénariste qui ne cherche pas à creuser la psychologie de ses personnages alors qu’il y avait largement de quoi faire, notamment entre l’esprit manipulateur
du personnage de Tahar Rahim et puis Marc Duval incarné par Gilles Lellouche. Mon problème avec Gilles Lellouche ne se fait pas ressentir dans
avis sur ce film dans le sens où l’acteur n’est pas mauvais et parvient même à sauver plus ou moins le film dans des moments plutôt mou du genou mais voilà… c’est vrai du cinéma français comme je
le déteste. On sait faire de bons polars et là on nous sert une soupe réchauffée et assez vilaine.
Note : 3.5/10. En bref, ce qui partait d’une bonne idée sombre en mélodrame pompeux. Dommage.