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Critique: 12 years a slave

Par Cinedingue @cinedingue

12 YEARS A SLAVE

Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession. Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave. Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité. Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie…

Si Tarantino avait évoqué la question de l’esclavage dans son dernier film, Django Unchained, c’était presque au second dégré, voire dans un registre cartoonesque, ce que n’avait pas manqué de lui reprocher Spike Lee. Pour son troisième film, Steve MacQueen aborde le sujet, mais de manière totalement frontale. S’inspirant des mémoires de Solomon Northup, il nous parle donc de l’esclavage et précisément de l’enlèvement de Noirs libres pour en faire des esclaves. Il en profite pour rajouter une pierre à son oeuvre sur le thème du corps: après les corps ravagés par la faim de Hunger, le corps comme machine sexuelle dans Shame, le corps est ici exploité, frappé, scarifié, fouetté.  L’usage du flash-back nous montrant Solomon du temps de sa liberté renforce le contraste avec les scènes se déroulant au présent, où le héros a tout perdu jusqu’à son nom. MacQueen n’hésite pas non plus à étirer ses scènes notamment les scènes de sévices mais sans chercher le spectaculaire. Par ce procédé, il tente de faire ressentir le quotidien de ces hommes et femmes mais aussi d’éviter tout manichéisme.

Lors d’une des scènes les plus éprouvantes, Solomon est pendu par un Blanc, assez bas pour que la pointe de ses pieds touche le sol boueux et que l’agonie soit plus lente. Filmée en plan fixe, la scène dure. Quand les Blancs sont partis, l’homme est seul à se débattre puis, petit à petit, d’autres esclaves entrent dans le champ, reprenant leurs activités comme si de rien n’était. MacQueen montre ainsi à quel point les esclaves étaient soumis, jusqu’à ignorer l’un des leurs en train de mourir. Les "maîtres" , quant à eux, ne sont pas tous dépeints comme des assassins: si le personnage interprété par Michael Fassbender est un monstre de cruauté, celui incarné par Benedict Cumberbatch, s’il profite du système, tente de se conduire humainement.

Traitant ainsi de son sujet de manière réaliste et juste, MacQueen jette à la face du spectateur ce morceau d’histoire prouvant que le Cinéma américain n’est pas qu’une usine à rêve mais sait affronter son histoire. Brillant et indispensable!

NOTE: 9/10


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