Quel avenir pour le centre?

Publié le 06 avril 2008 par Yannriche @YricheCoffee
Le centre est aujourd'hui explosé en une multitude de partis ou micro-partis et cela n'est pas fini avec la crise actuelle du Modem. Le PS synthétise ce qu'il peut de ses divisions et n'arrive pas à se retrouver un projet commun, l'UMP doit absorber le choc de l'élection présidentielle, de son président et en plus des réformes mal digérées.
Pourtant quand on regarde d'un peu plus près il y a peu de différences entre une grande partie des élus UMP et une grande partie des élus PS, il n'y a quà lire l'interview de Collomb dans l'Express pour en être persuadé.
Il n'en demeure pas moins que des différences existent, des différences de fond, l'UMP voulant répondre à l'exigence sécuritaire des électeurs a fait le choix d'un arsenal orienté sur la répression. Le PS a trop longtemps surfé sur une vague rose bonbon que Royal a essayé de défaire en jouant les valeurs famille et sécurité.
La fin du règne chiraquien ( c'est à dire depuis sa ré-élection en 2002) laissait percevoir qu'il fallait changer la politique, cela donna Bayrou le rebelle et Sarkozy apôtre de la rupture et enfin Royal et la démocratie dite participative.
Alors le centre c'est quoi là-dedans?
En fait il y a bien des centres, du PRG au PRV, qui partagent des valeurs communes, un pro-européanisme, une morale "chrétienne" qui met selon les époques l'économie au service de l'intérêt collectif. L'idée générale c'est d'être un parti progressiste. Bayrou a tenté d'incarner cette vision en s'enfermant dans ce qu'il appelle une forme politique nouvelle.
Le coup joué est judicieux, il fallait le tenter, l'occasion était belle entre le PS en déliquescence et la pseudo-peur que peut créer Sarkozy.
Malgré l'échec, le mouvement démocrate pouvait rebondir, il n'en fut rien, les conditions pour y réussir nécessitait que ce parti soit organisé, ce qu'il n'est pas, et surtout et que les décisions politiques et les stratégies posées localement soit clairement expliquables.
La première stratégie fut de promouvoir une stratégie de liste autonome pour les villes de plus de 20 000 habitants. Cause perdue, ce fut la foire d'empoigne, sans critères clairs pour décider des stratégies locales, ce sont les comités départementaux qui souvent ont imposé leurs visions, Bayrou tranchant parfois avec peine sur les dossiers brûlants tel celui de Lyon.
Le Nouveau Centre a lui bénéficié a 100% de l'étiquette UMP pour ses élus, pas par une alliance négociée mais par obligation.
Le Mouvement Démocrate n'a plus de stratégie autre que celle de 2012, une fois encore la stratégie Bayrou pour une 3ème campagne électorale qui consistera a montré que les autres choix ont conduit au chaos. Bayrou joue l'homme providentiel dans la plus pure tradition de la Vème, il s'est tracé un destin, une légende d'un homme qui s'est toujours rêvé président (tout comme Sarkozy).
Avec d'autres anciens UDF et MODEM, nous avons un choix tout autre. Nous avons décidé de nous constituer en "centre autonome" pour y défendre le projet Européen, l'économie libérale mais pas nécessairement le capitalisme pour une société progressiste qui réussisse à allier au mieux les penchants individualistes de nos sociétés et l'absolue nécessité de partager les risques.
Notre projet est absolument local aujourd'hui, et il me semble que le centre ne peut se reconstruire que de cette manière. Ma première analyse de la politique était de me dire qu'il fallait avant tout créer un parti sans étiquette, un parti qui ne serait pas une écurie pour la présidentielle. Cette idée est en partie absurde, en partie seulement, car nous le voyons sous la Vème il faut absolument être présent à la présidentielle pour exister (et toucher les financements publics des partis de surcroit). Mais cela peut être une première démarche.
Stratégie d'alliance ou pas? En fait il n'y a pas d'autres choix que les stratégies d'alliance dans un régime présidentiel. Pas nécessairement avant le premier tour, mais nécessairement entre les deux tours. La raison en est simple il s'agit pour peser d'avoir des députés et des sénateurs. Or dans le système actuel, bipolaire, il faut devenir le leader d'un camp ou d'un autre.
Le mouvement démocrate ne peut avoir comme stratégie que d'être majoritaire, pour cela il faut un leader (il est là), une organisation bien calibrée et orgnisée (c'est malheureusement trop juste), un projet de société (c'est imparfait mais il y a un fond) et des cadres qui tiennent la route et qui ont une influence auprès du leader (alors là c'est réellement la catastrophe).
Tous les autres sont dans des alliances, c'est dommage peut être, mais l'avenir est nécessairement dans un rassemblement large, donc d'alliance pour les plus petits (ce qui ne signifie pas perte d'autonomie mais forcément des marges de manœuvre négociées).
Le Mouvement Démocrate reste un petit parti, les UDF partent peu à peu mais sûrement et le nombre d'adhérent est toujours 2 fois moindre que celui du PS et de l'UMP...