J'ai trop de respect pour les intellectuels de haut vol pour ne pas leur accorder une écoute plus que polie.
Mais ça ne vas pas jusqu'à avaler n'importe quoi.Un universitaire de renom en Allemagne et spécialiste de Heidegger, prépare une publication sur les « cahiers noirs » du philosophe, sorte de notes intimes -il ne les aurait laissé lire qu'à quelques intimes- où on trouve, entre autres choses, des textes qui, s'ils ne sont pas volontairement antisémites, sont au moins fort bien imités.
Mais ce qui me chagrine n'est pas exactement cela. J'ai toujours pensé qu'il faut regarder les œuvres des hommes pour ce qu'elles valent en elles-mêmes et, qu'en aucun cas, la valeur d'une œuvre, scientifique, philosophique, artistique, ne peut servir d'excuse à d'autres « facettes » de la personne, moins grandioses que son œuvre principale.
Heidegger a été un grand philosophe, qui a marqué pas mal de penseur par la suite. Cela ne change rien au fait que son comportement pendant la période Hitlérienne et un tas d'autres petits signes ne parlent pas en sa faveur quant à une certaine « servilité » qui, à une époque ou le moindre doute pouvait conduite une personne au désastre, ne sont pas « excusables » Et d'autant moins excusables que Heidegger n'était pas n'importe qui.
Cette querelle est un serpent de mer à usage des philosophes et ressort régulièrement, non parce que certains soient « teigneux » mais parce que d'autres, qui se disent défenseurs puristes de ce « maître » en font une sorte de surhomme sans tâche et, surtout, envers lequel seul l'encensement serait permis et nullement la critique.
Personnellement, je suis bien plus chagriné par le fait que Hannah Arendt se soit laissé prendre dans les filets personnels de Heidegger. C'est vrai qu'elle était fort jeune.
Ça ne m'a jamais empêché de la lire passionnément...sans fermer les yeux sur ses liens avec son professeur.
Allons, messieurs les intellectuels de haut vol, un peu plus de sérieux dans vos paroles ; laissez les querelles stupides pour ceux qui n'ont pas les moyens d'atteindre vos stratosphériques jardins !
© Jorge