Le mardi 14 janvier, lors d’une convention réunissant près de 6000 salariés de la banque néerlandaise ABM Amro, Gerrit Zalm, le président de la banque et ancien Ministre des Finances est apparu déguisé en tenancière de maison close. La vidéo fait le buzz et les réactions sont partagées entre l’indignation et les rires. Penchons-nous alors sur l’intérêt d’une telle mise en scène.
L’excentrique Gerrit Zalm arrive donc ce soir-là sur l’estrade vêtu d’une perruque rousse, de gants en or et d’une belle robe satinée de couleur bleue. Les premiers rires dans la salle se font entendre. Puis la «Dame» se présente. Elle s’appelle «Priscilla», elle serait la sœur cachée de Gerrit Zalm, simple employé de banque qui n’aurait pas la capacité de faire son métier. Une fois les présentations faites, elle explique devant l’assemblée de banquiers que lorsqu’il a pris la tête d’ABM Amro en 2008, son frère lui a demandé des conseils directement inspiré de son métier de maquerelle.
Car pour Priscilla les similitudes entre les deux professions sont nombreuses. D’abord, il faut dans les deux métiers «posséder un bon front-office» dit-elle en bombant la poitrine et poursuit en se claquant les fesses: «un magnifique back-office est indispensable pour attirer les clients».
Mais, il faut surtout s’attacher à s’occuper des besoins du client, ce qui n’est devenu une «priorité» que très récemment pour les banques. L’humour de cette dernière phrase n’est pas gratuit et dénonce l’erreur qu’ont faite la plupart des banques pendant des années: négliger les clients.
Le spectacle continue. Priscilla souligne ensuite que contrairement à son frère, elle n’a aucun mal à recruter des filles de talent, n’oubliant pas de souligner que dans son métier les femmes sont souvent au-dessus des hommes. Là encore la critique est à peine masquée. La banque reste un milieu très masculin, dans lequel les femmes, bien que «de qualité» peinent à s’introduire.
Même si la manière peut paraître inappropriée, Gerrit Zalm a par son intervention voulu avoir un échos dans la presse afin de défendre sa vision de la banque. Une banque qui devrait s’attacher avant toute chose, aux besoins de ses clients et qui ensuite devrait se montrer moins misogyne. Toutefois, il a pris le risque de discréditer ABM Amro, la 3ème banque des Pays-Bas et de s’attirer les foudres de ceux qui croient encore que la «banque» du Loup de Wall Street existe encore.
Bruce Vidal