Tag est une pièce qui emprunte aux codes des séries télé actuelles. Des épisodes qui se terminent en plein suspense, une action permanente sans aucun temps mort, de nombreux flash-backs, des révélations inattendues, etc. L’histoire est celle du lieutenant de police Giuseppe Ensam, membre de la brigade criminelle. Quelques lettres rouges sang taguées chaque nuit sur les commerces de son quartier lui rappellent de terribles souvenirs d’enfance. A la fin du premier épisode, le mystère est résolu lorsqu’un ultime rebondissement va relancer l’intrigue : une tagueuse a disparu, son copain punk demande de l’aide au lieutenant. Mais Giuseppe n’est plus dans son état normal, il semble se transformer en chien…
Les personnages sont très nombreux (Guiseppe, sa sœur Christel, leur mère morte, un punk, un garagiste et sa femme, un SDF, une restauratrice ambulante, une patronne de pompes funèbres, une brigade entière de police…) mais l’auteur précise que l’ensemble de la pièce peut se jouer « à partir de 4 comédien /ne/s ». Tout se déroule à une vitesse effrayante et il faut s’accrocher pour ne pas perdre le fil. On a parfois l’impression d’être dans un puzzle dont chaque pièce s’emboîte sous nos yeux sans que l’on sache vraiment à quoi va ressembler le résultat final. C’est déstabilisant mais, un peu comme dans Monde sans oiseaux, je me suis laissé porter par cette narration légèrement "nébuleuse". Un homme-chien, un homme-femme, un fantôme, des animaux qui parlent, une musique rock omniprésente, les ingrédients peuvent paraître de prime abord indigestes mais il faut se laisser embarquer par le rythme endiablé sans trop se poser de questions.
Difficile d’imaginer un tel texte sur scène. La pièce a pourtant été montée fin 2013 par la compagnie Bouche Bée et jouée pendant plusieurs jours au Nouveau Théâtre d’Angers. Au départ prévu en trois épisodes de 50 minutes, Karin Serres a finalement composé une version compressée de deux heures. J’aurais aimé voir ça !
Tag : Série théâtrale rock en 3 épisodes de Karin Serres. Éditions théâtrales, 2013. 125 pages. 15 euros.