Et l’on jette un regard par-dessus son épaule, jette un œil torve sur son passé, feint de le prendre par-dessus la jambe, dit que l’on en a vu d’autre, appris la leçon, à se focaliser sur là où l’on pose les pieds.
On se détourne, décide que que ce qui est fait est bien fait, que les remords et les regrets ont fait long feu, hurle à la mort et aux fantômes, qu’on était présente, a pleuré et dansé à leur enterrement.
Et l’on met ses beaux souvenirs dans son cœur paré pour la traversée d’une longue période glacière, les mauvais dans urne, et l’urne dans un baluchon, et le baluchon sur son dos, enfin un sac parce qu’on est une fille, que c’est futile une fille, parce qu’une grande fille ça ne pleure pas, pleure plus en public, parce que c’est indécent une fille qui pleure, et moche le rimmel qui file le long des joues les larmes qui creusent des vallées dans les plis de l’amertume.
Et puis l’on se dit, mais ne le reconnaîtra pas, qu’avec l’âge si on ne devient pas plus sage on n’est plus si souple, plus suffisement pour se retourner faire la girouette, sans prendre le risque du torticolis de l’ankylose du ridicule la tête penchée sur la photo, que si l’on accepte de courber l’échine c’est pour mieux, noblesse oblige, tirer sa révérence, et s’en aller dans la vie envers, contre, malgré, avec tout. Encore et toujours.
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