Article certifié sans spoil, promis.
Jeudi 16 Janvier dernier, nous eûmes l’occasion d’assister à une soirée des plus magiques au cinéma Gaumont Wilson de Toulouse. Au programme des joyeusetés: un concert du groupe « Neko Light Orchestra« , spécialisé dans les reprises des bandes-sons du studio Ghibli, suivi de l’avant-première du dernier (dans tous les sens du terme) chef d’oeuvre de monsieur Hayao Miyazaki: « Le Vent se lève ». La salle était pleine à craquer, remplie de personnes de tous âges, certains brandissant leur amour pour le célèbre réalisateur japonais à travers T-shirts ou chapeaux de ce cher Totoro. « Passion » est le mot qui décrira le mieux cette soirée, tant dans l’engouement du public que dans la qualité des reprises du groupe toulousain. On a vibré pendant presque 2h à travers un concert divisé en environ 10 parties, toutes dédiées à un film de la chronologie Miyazaki et couplées aux trailers des dites productions. Les musiciens étaient VRAIMENT bons et on n’a pu que constater à quel point ils avaient travaillé leur sujet, que ce soit au niveau des percus ou des choeurs en passant par les sons d’ambiance (on aurait cru à un moment que les esprits de la forêt de « Princesse Mononoké » étaient dans la salle), tout était maîtrisé dans le moindre détail. Ôtez vous de l’esprit que le Neko Light Orchestra puisse être un regroupement de caricatures kikoojaps qui ont trouvé le moyen de tuer le temps entre deux épisodes de « Suzumiya no Haruhi », ce sont vraiment d’extraordinaires musiciens qui sont parvenus à rendre hommage au travail de Joe Hisaishi avec brio. Le résultat fut saisissant au possible et nous a procuré d’immenses frissons tout du long (sauf quand le mec de la régie oubliait de mettre le mode « Plein écran » sur le Mac qui diffusait le montage vidéo).
La deuxième partie de soirée fut tout aussi magique. Suite à l’entracte, les lumières se baissèrent et une interview de H.Miyazaki débuta à l’écran. A travers cette courte entrevue, nous en apprenons davantage sur le projet « Le Vent se Lève » qui sera officiellement le dernier du maître, ce dernier ayant annoncé son départ à la retraite (on en parlait ici) pour, dit-il, « prendre le temps de dessiner d’autres projets ». Entendons par là qu’il se débarrasse ainsi de toute pression de délais mais qu’il continue à œuvrer pépère chez lui pour réaliser des bandes dessinées/mangas qui verront peut-être le jour plus tard. Il explique ainsi que ce film est dédié à un homme qui a bel et bien existé: Jiro Horikoshi. Ce japonais, ingénieur en aéronautique, a travaillé pour le Japon durant les années 30 et fut à l’origine d’un des bombardiers les plus célèbres de la Seconde Guerre Mondiale, le Mitsubishi A6M, aussi appelé « Zéro ». On trouvera étrange que Miyazaki, grand défenseur de la paix (cela s’est vu dans des films comme « Le Chateau Ambulant »), puisse faire ainsi l’apologie d’un homme qui a crée une machine de guerre. Mais Miyazaki le dira lui-même lors de l’interview et le démontrera à travers son oeuvre: Jiro Horikoshi n’a fait que mener ses rêves à bien et pour lui la guerre n’était pas un prétexte à la création aéronautique, loin de là.
« Le Vent se lève, il faut tenter de vivre »
Pour commencer, sachez que le pays où le film porte le mieux son nom est la France. En effet, ce joli titre est inspiré du vers « Le vent se lève, il faut tenter de vivre », du poème « Le Cimetière Marin » de Paul Valéry. Vous l’aurez peut-être noté, ce film se détache du reste de la filmographie Miyazaki du fait qu’il narre ici un récit inspiré de faits réels. Cet élément laisse de ce fait peu de place à la fantaisie habituelle, oubliez donc les animaux qui parlent, les dragons, les châteaux qui volent et autres folies aux inspirations steampunk. Les seuls écarts auxquels on assiste se déroulent durant les rêves de Jiro. N’y voyez là rien de rebutoir puisque l’émotion circule tout autant, si ce n’est plus, l’identification aux protagonistes étant de ce fait grandement facilitée. Il est évident que « Le Vent se Lève » ne touchera pas les plus jeunes, puisque les sujets évoqués sont très matures, c’est d’ailleurs un point que Hayao Miyazaki déplorait, faisant ainsi son possible pour ouvrir sa dernière oeuvre au plus large public possible. De ce fait, nous ne sommes néanmoins pas dans le schéma d’un « Le Tombeau des Lucioles », autre production Ghibli qui était vraiment très premier degré. Il est certes ici sujet (entre autres) de guerre, mais jamais la violence n’est dépeinte à l’écran. On se laisse alors bercer pendant plus de deux heures : les événements qui se déroulent tout au long de l’histoire, mêmes les plus forts, ne sont jamais abordés de façon agressive. La qualité graphique est simplement époustouflante, c’est d’ailleurs le premier point qui marque lorsque le film débute, c’est beau, vraiment beau. Quant aux musiques, il serait presque superflu de dire à quel point elles sont belles, tant c’est presque une des marques de fabrique de chez Ghibli. Le seul reproche que l’on puisse faire au film se trouve dans sa narration. En effet, parfois on a tendance à se demander en quelle année l’on se trouve mais aussi où l’on se trouve. Une simple indication de lieu et de temps durant chaque transition spatio-temporelle aurait suffit à ce que l’on évite de se demander: « Attends, mais il s’est passé combien d’années depuis la dernière scène ? ».
Pour conclure, il est évident que vous devez foncer voir cet incroyable film, que vous soyez fan des productions Ghibli ou non. Vous avez là de quoi vous échapper vers un univers coloré, beau et dépaysant qui vous laissera une étrange sensation lorsque vous quitterez votre siège. Le Vent se Lève marque le clap de fin d’une carrière plus qu’incroyable, mais on ne se fait pas de soucis; Goro Miyazaki, le fils d’Hayao, a su nous prouver que le flambeau est entre de bonnes mains.
Le trailer de « Le Vent se Lève »