C’est ce que suggère cette étude de l’Imperial College de Londres qui décrit comment l’ecstasy agit sur le cerveau et comment ce processus pourrait être « détourné » à des fins thérapeutiques. Ces observations par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) présentés dans 2 revues, Biological Psychiatry et l’International Journal of Neuropsychopharmacology illustrent comment l’ecstasy entraine une diminution des réponses émotionnelles et pourrait constituer une thérapie complémentaire dans la prise en charge des troubles anxieux.
L’ecstasy ou MDMA est utilisée comme une drogue récréative depuis les années 80 pourtant peu de recherches ont encore regardé comment elle affecte certaines zones du cerveau. Dans cette recherche, sur 25 volontaires au repos, menée par IRMf avant et après la prise de la drogue ou d’un placebo, les bénévoles étaient invités à se rappeler leurs souvenirs, les meilleurs comme les pires.
Chez des volontaires sains, la MDMA atténue l’impact de souvenirs douloureux: L’expérience montre qu’après MDMA et vs placebo, les participants évaluent de manière bien moins négative leurs pires souvenirs. Cette évaluation est reflétée par l’activation des différentes zones du cerveau, observée sous IRMf :
· La MDMA diminue l’activité dans le système limbique (voir schéma), un ensemble de structures cérébrales impliquées dans le plaisir et les réponses émotionnelles et diminue les connexions entre le lobe temporal médial et le cortex préfrontal médian impliqué dans le contrôle des émotions.
· En revanche, la MDMA augmente la communication entre l’amygdale et l’hippocampe. Ces effets s’avèrent plus marqués chez les sujets qui ont déclaré une « expérience subjective forte », suggérant ainsi le lien entre la MDMA et ces modifications dans l’activité cérébrale.
Des effets inverses à ceux constatés dans certains troubles anxieux : Il se trouve que le premier effet observé est l’inverse de celui observé chez les patients qui souffrent d’anxiété et que le dernier est également l’inverse de celui observé chez les patients atteints de syndrome de stress post-traumatique.
Ces effets liés également au sentiment d’euphorie, reconnu par les usagers eux-mêmes, suggèrent des utilisations cliniques possibles de la MDMA dans le traitement de l’anxiété et de stress post-traumatique. A deux réserves près, des essais restent sur des patients atteints d’anxiété ou de SSPT et les effets neurotoxiques doivent également être pris en compte.
Mais ces résultats concordent avec l’idée que la MDMA pourrait aider les patients atteints de SSPT à revoir leurs expériences traumatisantes durant leur psychothérapie, sans être pour autant submergés d’émotions négatives.
Sources:
Biological Psychiatry 2014 DOI: org/10.1016/j.biopsych.2013.12.015 The Effects of Acutely Administered 3,4-Methylenedioxymethamphetamine on Spontaneous Brain Function in Healthy Volunteers Measured with Arterial Spin Labelling and Blood Oxygen Level-Dependent Resting-State Functional Connectivity
International Journal of Neuropsychopharmacology 2013 DOI: org/10.1017/S1461145713001405The effect of acutely administered MDMA on subjective and BOLD-fMRI responses to favourite and worst autobiographical memories. (Visuel NIH)
Accéder aux dernières actualités sur l’Ecstasy