"Il faut démocratiser l'entrepreneuriat qui transforme une technologie innovante en produit"

Publié le 20 janvier 2014 par Pnordey @latelier

Interview de Xavier Duportet, président et fondateur du Hello Tomorrow Challenge. L’Atelier, partenaire de l'initiative, l’a rencontré à l’occasion du lancement de ce concours qui récompense 25 startup européennes, réparties en 5 catégories spécifiques (télécommunications, Big Data, énergie, informatique et robot et médecine et biotech) en leur offrant un programme d’accélération de 5 mois.

L’Atelier : Pourquoi avoir choisi de centrer votre projet sur la dimension technologique, est ce en réponse à un réel retard ou manque de structures de soutien dans le secteur ?

Xavier Duportet : La dimension technologique était évidente pour nous. Nous sommes partis du constat suivant : les jeunes ingénieurs sont très peu nombreux à mettre à profit leur connaissances techniques et préfèrent les postes de management ou de consulting. Par ailleurs, quand on parle de startup aujourd'hui, la plupart des gens pensent nécessairement au web. Or, il est important de se rappeler que ce n'est qu'un pan de l'industrie. Et si la France et l'Europe ne veulent pas passer à côté de toutes les autres industries (biotechnologies, Big Data, etc...), le développement de produits d’usage issus de celles-ci devient primordial. Car même si nous avons une très bonne recherche en France et en Europe, nous ne la transformons encore pas assez en produits qui répondent à un réel besoin/problème. Il faut donc inévitablement démocratiser l'entrepreneuriat qui transforme des technologies innovantes en produits, aussi bien du point de vue du B2B que du B2C. Il ne faut pas avoir peur des barrières plus importantes à l'entrée, comparé au web.

Sur la dimension européenne, pourquoi mettre en place une structure globale quand des structures nationales existent ? Est-ce justement pour s'extraire de la dimension nationale ?

Ce que nous sommes en train d’essayer de mettre en place est différent de ce qui existe déjà, et, en effet, nous essayons de penser d’un point de vue global. Nous sommes simplement une équipe de jeunes, tous bénévoles, non-politisés qui souhaitons promouvoir l'interdisciplinarité. Nous essayons, à travers nos ambassadeurs, de créer au sein de chaque pays un écosystème où tous les acteurs de l'innovation ont la possibilité de se rencontrer. Et cela s’adresse aussi bien aux chercheurs, ingénieurs, entrepreneurs ou investisseurs, de toute génération, background ou expérience professionnelle. Il est essentiel que toutes ces personnes se retrouvent et échangent, au sein d'un même pays mais aussi entre les pays. Chaque pays/communauté a ses besoins, ses atouts, ses talents etc... et nous sommes bien plus forts tous ensemble que chacun de notre côté. Par ailleurs, le réseau est quelque chose de primordial dans l'entrepreneuriat. Notre but est donc d'arriver à connecter tous les jeunes changemakers avec les bonnes personnes pour accélérer leur projet, et ce, qu'elles soient dans leur propre pays ou dans un autre pays ou une autre communauté.

J'ai vu que votre programme était principalement composé de financements privés. Ceci a-t-il une implication dans la visée poursuivie par cet appel à projets?

Cela n’a absolument aucune implication. Nous souhaitions réellement impliquer les grands groupes français dans cette aventure, car nous pensons qu'il est indispensable pour eux de mieux comprendre l'écosysteme startup. Celles-ci peuvent répondre en effet à leurs besoins et développer des produits/services qui peuvent nécessairement intéressés ces grands groupes. Il est essentiel que ces deux types d’organisation arrivent à se parler et s'entraider. Il est, par ailleurs, très intéressant de voir que certaines personnes dans ces grands groupes commencent à réellement appréhender l'importance des startups et d'un dialogue gagnant-gagnant. C’est pour cette raison que nous voulions intégrer tous ces acteurs de l'économie dans l'écosystème science/tech/business que nous mettons en place.