Histoire des loups dans les deux Luxembourg

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

La Buvette a retrouvé...

Recueil de sources et de documents en grande partie inédits sur l’histoire des loups et de la perception que l’homme en avait dans les deux Luxembourg (province belge et Grand-Duché).
 
de Marie-Hélène Delguste-Van Der Kaa 


Près de 600 noms de localités cités dans l’actuelle province belge et le pays du même nom ainsi que dans la région de Saint-Vith (Liège), Orchimont (Namur), Thionville (France) et Bitburg (Allemagne).
 
« Qui craint le grand méchant loup ? Pratiquement plus personne et pour vraiment réhabiliter cet animal, si méconnu, l’historienne Marie-Hélène Delguste-Van Der Kaa a entrepris d’étudier le loup sous tous les angles et de publier un ouvrage extraordinaire. La biologie du loup, l’antiquité, la chasse, le loup et la rage, le braconnage, les loups dans la littérature, les derniers loups et ainsi de suite jusqu’à aujourd’hui. Tous les thèmes sont abordés, expliqués et étudiés.
L’ouvrage .[...] comporte une liste de captures de loups dans les cantons de Marche, Durbuy et Mirwart en 1766, dans le Duché de Luxembourg et le Comté de Chiny de 1766-1767, et une deuxième liste de captures d’après l’ensemble des sources manuscrites de 1794-1834, également d’après les sources imprimées entre 1817-1820 et une quatrième liste, d’après des feuilles de primes, concerne uniquement le Grand Duché de 1850-1893. »
par Jean-Luc Bodeux
Loup. Quatre lettres pour un animal qui transcende l'imaginaire des hommes, dès leur plus jeune âge. Entre fascination et peur. Mais que sait-on vraiment du loup ? Entre légende et histoire vraie, Marie-Hélène van der Kaa a fait le tri, en retournant des masses d'archives.
« Les Editions Histoire Collective » ont décidé de publier un ouvrage qui fourmille de références et de données tous azimuts sur les deux Luxembourg, avec quelques incursions dans les régions voisines.
Voici près de trois ans, Marie-Hélène Delguste-Van Der Kaa, cette historienne de Meix-le-Tige (Saint-Léger) avait déjà publié une brochure. Le millier d'exemplaires est parti très vite. Elle a donc décidé d'affiner son travail et de le compléter. Le résultat est là, intéressant.
« Je me suis rendu compte qu'il existait peu d'écrits sur le loup dans la région », explique l'auteur. « Il existe des articles, mais c'est en général assez succinct. J'ai donc pris mon bâton de pèlerin pour tenter d'y voir plus clair, en abordant tous les thèmes : légende, patrimoine, folklore, etc. J'ai visité les archives à Arlon, Saint-Hubert, Luxembourg et Namur. Il y a des milliers de documents à décrypter. C'est un thème inépuisable ».
Voici un bon siècle, il y avait encore des loups chez nous. Rares, puisqu'on les a anéantis sous le régime français. Le loup a donc disparu. Officiellement, le dernier a été tué à Stockem (Arlon) en 1895.

Des articles de journaux parlent encore d'un loup en 1917 à Habergy et Châtillon, mais il subsiste un doute. A l'époque, il avait des louvetiers assermentés, mais chacun pouvait tuer le loup. Certains en avaient fait une spécialité. S'ils réussissaient un tir victorieux, ils sillonnaient alors les villages environnants et récoltaient, en guise de mercis, des cadeaux auprès de la population. C'était le « tour du loup ». Ils revendaient alors la peau à des mendiants qui effectuaient eux aussi un tour plus large.
Le loup a été omniprésent dans la Grande Région. Seul ou en meute. La toponymie est très riche à ce sujet. Et les noms sont restés, comme les témoins patrimoniaux, principalement religieux, à l'instar de cette patelle de l'église Saint-Remacle à Halma, la légende disant que le loup avait mangé son âne, Saint-Remacle l'avait alors utilisé comme porteur à la place de l'âne.
Côté toponymique, il y a une ferme des loups, à Toernich, une ruelle des Loups à Etalle, le pré au loup à Wellin et le « corti d'leu », à Vielsalm. Entre mille autres. Et puis, il subsiste quelques réalisations marquantes, qu'il faudrait protéger. A Saint-Léger, Marie-Hélène van der Kaa a remis à l'avant-plan les dernières « louvières », des pièges à loups creusés en forêt. Il s'agit de fosses de 2 à 3 m de profondeur aujourd'hui en partie comblées. Dans les bois communaux, il y a aussi des fosses cuvelées, semblables à des puits, qui servaient à attraper des sangliers. Tout cela mériterait d'être classé.
Le loup était-il finalement dangereux, un mangeur d'enfants ? Quand il avait faim, il s'attaquait même à l'homme. Mais c'était rare. Marie-Hélène van der Kaa cite des drames, comme celui de cette fillette de 12 ans qui cueillait des fraises des bois dans la région d'Erezée, en 1685. On ne l'a jamais revue vivante. Mais en parallèle, il y a eu aussi beaucoup de mensonges. Des bêtes enlevées ? C'était aussi le voisin voleur qui jouait au loup...
Quant au loup-garou, tout n'est pas que légende. L'homme qui se transforme en loup, c'est une maladie mentale, mais aussi une réelle transformation physique, due à la « porphyrie cutanée tardive », une maladie des gens qui ne supportent pas la lumière. La peau brûlait, les poils poussaient plus drus, les dents prenaient une coloration rougeâtre et à l'époque, on les soignait en leur faisant boire du sang de bovin... Rien de tel pour créer des « loups-garous ». Grimbiémont (Marche) était au XIXe le village des loups-garous...·
Marie-Hélène van der Kaa
Marie-Hélène van der Kaa s'est fixée en Gaume pour des raisons professionnelles, son mari travaillant à RTL à Luxembourg. Elle a travaillé comme prof d'histoire, mais ce n'est pas sa tasse de thé. Aujourd'hui, elle cherche. « Ce qui m'intéresse, c'est la pédagogie », dit-elle. « Monter des expos thématiques pour des musées, présenter l'histoire de façon ludique et attractive », voilà son rêve.
En attendant, elle met toutes ses connaissances de critique historique au service du Cercle d'histoire et de recherche de Saint-Léger, qui publie des chroniques à un rythme régulier. Elle en est le fil conducteur, instigateur et chercheur. Le dernier numéro analyse la « ville de Saint-Léger », de 1368 à 1775. C'est là qu'elle a publié son premier ouvrage sur les loups, base du « Histoire des loups dans les deux Luxembourg »,  chez Histoire Collective. A engloutir... 

Source : Archives Le Soir
par Jérôme Vincent
Enfin un travail sérieux...
Marie-Hélène Delguste-Van Der Kaa, sur base d'un travail de recherche de grande envergure, nous présente enfin le véritable visage du loup. A travers les histoires du terroir, les documents de toute origine, ayant compulser des milliers de documents d'archives du 19ème siècle et d'autres documents de loi du Moyen-âge, elle parvient à redorer l'image d'un animal souvent décrié. De nombreux écrits existent déjà sur le sujet, malheureusement  peu d'entre eux sont véritablement fiables, étant donné le manque de documents et le grand nombre de plagiaires. De plus, peu d'entre eux n'avait pris comme zone d'étude la Belgique ou le Luxembourg. Le loup ayant peu de respect pour les frontières de l'homme, les sources de ce travail proviennent de bien au-delà des deux Luxembourg. 
Le loup, ange ou démon?
De l'Antiquité à nos jours, l'image de cet animal a fortement évolué. De l'identification chamanique, à la louve nourricière romaine, en passant par le petit chaperon rouge qui finalement sortira indemne du ventre du monstre, le loup représentait la force ou la renaissance. Par la suite, alors que l'homme étendait son territoire, celui de la bête s'amenuisait. Le loup, manquant de ressources, dut se trouver d'autres ressources. Il s'attaqua à des proies faciles telles moutons, cochons ou enfants en bas âge laissés sans surveillance au bord d'un champ pendant que les parents s'affairaient aux travaux de la terre. Au lendemain des grandes batailles, il n'hésitait pas non plus à se servir sur les cadavres délaissés. A partir de ces temps troublés, le loup a acquis cette mauvaise réputation que l'on connaît.
Rares sont les cas avérés de meurtres commis par eux. De nombreuse histoires relatent pourtant les méfaits des loups qui finalement n'ont jamais attaqué l'homme que dans des circonstances exceptionnelles, notamment dans des cas de bêtes enragées.
Et combien d'autres accusations excessives existe-il? "Avant de crier au loup, allez voir chez votre voisin si vous n'y retrouver pas la peau du mouton." Cette citation, lourde de sens, exprime bien comment, pendants des décennies, l'homme s'est servi du loup pour justifier les malheurs inexpliqués. Rappelons-nous la légende de la Bête du Gévaudan qui, selon nos profilers actuels, n'était principalement que la façade du travail d'un serial-killer. Ensuite, après 1795 et l'invasion de notre région par les Français, le loup est devenu l'ennemi public numéro un. Quiconque apportait tête, oreilles, ou peau de l'animal recevait une prime.
Pour le détail de toutes ces histoires mi-légendes, mi-réalités, et pour bien d'autres informations sur l'évolution du loup dans nos contrés, le livre de Marie-Hélène Van der Kaa, deviendra vite une référence, dixit le Prince Laurent qui le possède déjà dans sa collection.
Editions Histoire Collective

L'asbl Histoire collective qui a son siège à Rossignol publie depuis trente ans une collection impressionnante de témoignages oraux sur l'histoire populaire du Luxembourg wallon.
Histoire des loups dans les deux Luxembourg
par Marie-Hélène Delguste - Van Der Kaa - 
Avril 2003
Format: 29,6 x 21 - 160 pages, plus de 70 illustrations, gravures et photos en grande partie inédites et cartes