MOOCs : une idée à mettre au point ?
Publié le 20 janvier 2014 par Christophefaurie
Par hasard, j’ai lancé un débat sur les MOOCs dans
plusieurs groupes linkedin. Voici ce que j’en tire. Vrac.
- Comme je le soupçonnais, on est beaucoup plus
intelligent à plusieurs que seul. En particulier, ces discussions me font découvrir deux intéressantes applications. L’une à Centrale,
en anglais, apparemment très professionnelle, et sur un sujet technique de
pointe. L’autre
à l’EM Lyon, en français, portant sur l’entrepreneuriat, apparemment un peu
bricolée, mais qui semble avoir été un succès exceptionnel (plus de deux mille
personnes sont allées au bout du cours, avec succès).
- Il est surprenant de voir des étrangers, parlant anglais
avec des accents non anglo-saxons, représenter une école d’ingénieurs
française. Et la façon dont le cours est abordé donne un coup de vieux à ceux que j’ai eus. A l’époque
ils étaient donnés par d’anciens élèves qui s’écoutaient parler. On disait qu’ils
étaient là pour avoir raté leur carrière. Apparemment, ce temps est révolu. Cela devrait donc transformer
de manière radicale la façon dont on enseigne en France. Mais, comme je le
disais il y a peu, cela fait aussi courir le risque de l’élimination du vrai
pédagogue : celui qui pose des questions qu’il faut plus d’une vie pour
résoudre.
- C’est d’ailleurs une magnifique
plate-forme de promotion pour le (jeune) professeur ambitieux, qui veut se
faire connaître. En conséquence, n’y a-t-il pas un risque que nos grandes
écoles connaissent le syndrome Insead : vouloir recruter des gens de
formation anglo-saxonne, et ne récupérer que ceux dont ne veulent pas les Anglo-saxons ?
- Ce qui me frappe surtout c’est à quel point je sais peu de
choses. Fini le temps où l'on arrêtait son apprentissage à 20 ans ! Voici un moyen de découvrir que le savoir bouge vite. Et d’être mis au
courant quasi instantanément de ce qui se fait de nouveau. (Il faut cependant
le temps d’un minimum de travail de reformulation.)
- C'est aussi un moyen formidable, pour une école cette fois, de mettre en scène ses avantages compétitifs (par exemple les mathématiques appliquées, dans le cas de la vidéo de Centrale).
- En revanche, en termes d'accélération d'apprentissage, cet outil a probablement des limites. N'est-ce pas le cas pour des disciplines qui demandent beaucoup d’expérimentation et de
consultation de références écrites (qui demeurent très efficaces) ? Par exemple, sciences expérimentales, mais aussi mathématiques qui s’apprennent par l’équation
ou encore sciences du management : en MBA, par exemple, la partie
théorique du cours est faite sur support papier. Le reste du temps, dont les
séances avec l’enseignant, sont des exercices.
En conclusion (très provisoire).
- Il me semble que les MOOCs sont un outil fantastique de formation permanente.
Ils nous font réaliser que notre savoir s’encrasse vite, il faut le remettre à
jour sans cesse. Leur démarche pédagogique non conventionnelle peut aussi
permettre à des gens qui décrochent
du système scolaire classique de reprendre confiance en eux, et peut-être de
doubler certains bons élèves qui sont surtout devenus maîtres dans la manipulation des ficelles du système scolaire.
Finalement, je crois que ce peut être un
moyen extraordinaire de diffusion de « bonnes pratiques ». C’est
l’expérimentation de l’EM Lyon qui m’amène ici. Un exemple. Les patrons de PME
sont submergés de travail. Ils ne peuvent se consacrer qu’au strict nécessaire.
Si bien qu’ils ignorent des points de droits, des « sciences du management »,
des techniques de levées de fonds sans dilution, etc. qui pourraient
transformer leur vie. Et ce presque sans effort. Que font les Chambres de commerce ?
- Les MOOCs me font aussi penser à ce que j’ai vu pendant la bulle Internet. Ce n'est pas au point, ça se cherche. Impossible, aussi, d'apercevoir un modèle économique rentable. Cela ressemble à une
sorte de service public. Un peu comme Wikipedia. (C’est d’ailleurs aussi l’impression
que je retire de l’article, bancal, que consacre Wikipedia aux MOOCs.)
Courage, encore vingt ans de travail et ce sera au point ?