France, le premier album de Owlle

Difficile d'expliquer le sentiment ressenti à l'écoute de ce premier album de Owlle.

Tout d'abord il y a la satisfaction; entière, profonde, vis à vis du résultat.

Belles productions, esthétique soignée : l'album est beau. Déjà.

Ensuite, il lui ressemble, à France.

Car celle qui se cache derrière Owlle, c'est France. Une jeune femme qui vient des Beaux-Arts et a réussi à intégrer son goût pour les arts graphiques dans son travail depuis le début.

Choix des visuels, des tenues, des maquillages, des équipes avec lesquelles elle travaille pour ses clips, ou pour préparer la scène : chaque fois Owlle a marqué son travail de son empreinte, moderne et racée. Comme en témoigne notamment la pochette de ce premier album, parfait écrin à l'image de cette artiste atypique. Détonnant mélange d'une grande fragilité -qui se traduit par une extrême sensibilité et d'une détermination sans faille qui s'exprime notamment dans une volonté tenace de rester fidèle à ce qu'elle est; cet album lui ressemble, c'est à la fois le feu et la glace. C'est Owlle et aussi France un peu.

Conserver intacte sa personnalité sans se laisser formater, voilà un défi que bon nombre d'artistes n'ont pas su relever quand est venu le moment de produire leur premier album. Avec Owlle, rien n'a bougé. La frange impeccable, la belle longueur rousse, les choix de tenues d'une excentricité inspirée (qui lui ont souvent valu des publications dans des revues de mode alors qu'elle arpentait les festivals) autant que le son electro-pop stylisé, sont restés intacts.

On la retrouve sur ce premier opus telle qu'on l'a toujours connue, à quelques menus détails près : des arrangements plus soignés, des effets vocaux plus prononcés qui permettent à ses titres de gagner en singularité.

France est un album aux tons changeants; envoutant toujours, tantôt sombre ou plutôt dansant, la variété des motifs qui composent l'ouvrage promet d'éviter l'ennui.

On  aime autant la délicatesse de "your eyes", titre lancinant aux vertus hypnotiques  que l'épure de "Free" ou les nombreux effets de "9". On aime la voix charnelle, lascive et tourmentée qui se fait cristalline, servant une électro pop classieuse qui nous laisse à peine le temps de nous assagir qu'elle repart déjà pour une transe répétitive.  On aime ce grand huit musical, ce délicieux ascenseur émotionnel et le vertige qui va avec.

Avec son premier album, France, Owlle propose de découvrir un son electro-pop d'une allure folle marqué par un sceau esthétique indiscutablement moderne dont on imagine facilement qu'il pourrait lui permettre de rivaliser avec les grandes divas du genre, à l'échelle internationale.

C'est tout le bien qu'on lui souhaite, que France parte à la conquête du monde et séduise en masse des foules qui n'attendent que de tomber sous le charme de cette sirène rousse à la voix d'ange qui sait se faire impétueuse lorsque l'orage gronde.

Mon top 3 : 

"Ticky Ticky" qui s'ouvre sur ses lointaines sirènes, titre appelé à devenir mythique et qu'on imagine aisément envahir les dancefloors à vitesse grand V.

"Free", inondé de lumière, pour la grâce de ses arrangements.

"Silence" pour son cachet "new wave" revisité par la divine Owlle. Coup de coeur.