Un 13ème.
L'occasion était trop belle pour, deux ans après vous avoir proposé une année Kubrick, je ne vous propose pas une année U2.
Les gars boyz de Dublin ont offert un premier jet sonore en décembre tiré de la trame sonore du maladroit film sur la vie de Nelson Mandela. La chanson vient d'être couronnée d'une nomination aux Oscars dans la catégorie de la meilleure chanson originale dans un film pour 2013.
Combinant une brillante et évolutive maîtrise des instruments dans un son mélangeant punk expérimental peu à peu modifié en pop électrique axé sur la guitare aux échos épiques et riffs mémorables tout en en plongeant dans l'apnée technologique, le band, sur 36 ans de carrière en quatuor, aura toujours respecté son art original, ne se gênant jamais pour essayer de nouvelles choses, au risque de paraître fou.
Respect pour ses 4 garçons de Dublin devenu Hommes avec un grand H du monde de la musique pop.
Pop comme dans populaire.
Pop comme dans popirepantoute.
Calendrier d'écoute proposé:
Janvier: Boy (1980)
Pourquoi ne pas commencer avec le tout premier effort où chaque morceau transpire la fougue de la jeunesse. Ce post-punk propose la base qui sera l'étendue de tout le son U2. Les multiples textures de guitare, la base dominante, la batterie du fondateur du band, mitraillant derrière la voix hurlante d'un jeune Bono. Un délice encore aujourd'hui.
Février: No Line on the Horizon (2009)
Faire suivre l'écoute du tout premier album par le tout dernier sorti est un survol mental de plus de 30 ans de travail en équipe. U2 se soucie beaucoup de ce que vous pensez, l'une de leur très grande qualité est l'écoute. Du son des autres, du son à la vogue et de vos commentaires. Chaque nouvel album est une réponse à l'album précédent. On leur avait reproché une certaine facilité avec leur album de 2004, U2 a alors osé davantage ici. Brian Eno et Daniel Lanois sont à la production, comme quoi on innove, mais dans la tradition...
Mars: War (1983)
Le plus rock de albums du band est aussi l'un de leur meilleur. La batterie qui ouvre l'album me donne encore des frissons d'adolescence, à une époque où commençait peu à peu se former une conscience, pas juste chez moi, mais chez le chanteur du band. Colère, désespoir, passion, intensité, tout y est. Un son universel et personnel à la fois. Un grand album au titre court mais qui évoque les croisières à venir de la voix du groupe.
À la fois trame sonore et 6ème album du band, cet éparpillé album double me fait beaucoup penser au New Adventure in Hi-Fi de REM qui proposait beaucoup de morceaux, parfois trop, comme si le groupe avait eu peur de manquer de souffle. (Ce qui arrivera pour REM) Tout comme l'album de REM de 1996, on a tout de même droit à de fabuleux élans dans cette exploration de l'Amérique aux parfums soul, blues et country. Le God Part II inspiré de Lennon me drive particulièrement au volant.
Pop (1997)
Ok, après 4 mois de U2 vous en avez assez du band de Dublin. Je vous propose donc un album que vous n'écouterez peut-être qu'une seule fois. Mais même sur les mauvais albums du band se trouvent de petites perles fort mémorables. U2, essayant de faire du Chemical Brothers ou du Underworld, ça vous intéresse? Voici l'album pour vous.
Cet album lancé au début des années 2000 semble retourner aux années 80 en faisant comme si les(musicalement pauvres) années 90 n'avaient jamais eut lieues. La guitare de The Edge explore des avenues très impressionnantes et la groupe semble se refaire une virginité. Les premiers mots de l'album sont Uno dos, très, catorce!, soit une référence à l'Éxode, 3:14 (Premier testament, deuxième livre, troisième chapître, 14ème verset) alors que Moise demande à Dieu son nom et qu'il lui répond I AM THAT I AM. Le dernier tire de l'album sera Yahweh, un autre nom, chrétien et hébreu pour signifier Dieu.
Brian Eno a la main lourde sur cet album, de loin le plus ambient du band. Comme j'aime beaucoup Eno, j'ai un faible pour cet effort techno-expérimental. Douces menaces et sons des planchers de danse spatio-futuristes Allemand, cet album est osé, et qui ose, fait parfois mouche. Mon oreille accepte. Pas leur meilleur vendeur mais une exploration fort agréable et différente pour un mois de soleil autour de la piscine.
Le succès planétaire de cet album n'enlève rien aux chef d'oeuvre qui font encore écho de nos jours. Le riff d'intro de l'album restera l'un des joyaux de la musique pop à jamais. Pas moins de 5 singles sortiront de cet album parfait où Daniel Lanois y a inculqué une américanité qui sied le band parfaitement. Bien que le désert soit illustré sur la pochette, c'est un album extrêmement riche qui les as aussi rendus dans ce même état.
Septembre: All That You Can't Leave Behind (2000)
Septembre est le mois du retour au travail, à l'école, aux grands projets. U2 retourne en studio avec Lanois et Eno à l'aube du nouveau millénaire avec un effort brillant qui marie les inspirations rock des années 80, les saveurs des années 90 et l'audace subtile des années 2000. Les arrangements sont particulièrement intéressants sur cet album, la guitare de Mr Evans entre autre. Plaisirs modestes et sentiment candide de renouer avec de amis à l'écoute de l'album.
Octobre en Octobre bien entendu, non? D'autant plus que All That You Can Leave Behind, flirtait avec les sons d'antan. Blâmons les essais politiques, sentimentaux et religieux de Bono sur la jeunesse mais le reste du band est moins innocent et pompeux et développe une cohésion qui, dès le deuxième effort du band, restera à jamais.
Le band a failli se désintégrer sur cet album. Bono voulant explorer la techno, Adam se trouvant poche à la base, Larry vouilant explorer le rock, The Edge, éternelle force tranquille diplomate. Dans la douleur se conçoit cet album qui sera leur second meilleur vendeur et donnera un grand élan dans la popularité du groupe dans le monde. Enregistré en Allemagne, l'album est extrêmement inventif et toujours fort agréable à l'oreille, 23 ans après sa sortie. Influence des Stones de la pochette aux riffs.
J'ai gardé pour Noël mon album préféré. Un cadeau. Un album parfait. Des courts en ambient MLK, 4Th of July et Promenade aux impeccables A Sort of Homecoming, Bad et Wire en passant par la chanson titre qui me donne encore des frissons autant que les premiers accords de Pride (in the name of love), l'Amréique est doucement injecté dans les veines des Irlandais au même moment où je découvre mon "Irlandité".
Inoubliable band.
Deux autres morceaux non négligeables et nulle part plus haut.
Dans l'attente du nouvel effort en avril prochain,
bonne écoute!