On peut dire que Nintendo a vécu une week end pourri. Les mauvaises langues me rétorqueront que c’est une année pourri que la firme de Kyoto a eu. Nous ne pourrons pas leur donner tords, puisque Iwata a lui-même dévoilé l’entendu des dégâts en annonçant un proft warning, c’est-à-dire une révision à la baisse de leurs prévisions, et cela a deux mois de la fin de l’exercice fiscal au Japon. Ces derniers jours ont été riches en information, alors faisons une mise en point de ce qui a été dit ces derniers jours.
La Wii U est comme vous le doutez au centre des débats. Si nous savions à la vue des ventes hebdomadaires qu’elle n’atteindrait pas l’objectif des neuf millions d’unités vendues, l’ampleur des dégâts dépasse les scénarios les plus sombres, puisque l’objectif est ramené à 2.8 millions. Quand on loupe l’objectif d’environ 70%, ce n’est plus une remise en question qu’il faut, mais un séisme au sein de la vénérable société. La 3DS cartonne certes, mais là aussi l’objectif de vente est ramené de 18 millions à 13.5 millions, l’objectif est tout de même raté de 25%.
Conséquences directes de ces chiffres catastrophiques niveau hardware, les objectifs softwares sont aussi revus à la baisse. Pour la Wii U, ils espèrent 19 millions de jeux vendus, contre initialement 38 millions. Pour la 3DS, l’objectif passe de 80 à 66 millions. Au global, le CA estimé pour cet exercice fiscal sera de 590 milliards de yens, contre 635 pour l’exercice précédent, qui était déjà mauvais. C’est un cruel désaveu, surtout que la faiblesse du yen devrait avoir un effet positif sur les comptes de Nintendo. Pire, en termes de bénéfice net, Iwata tablait sur 55 milliards de yen. Fini les bénéfices, on parle désormais d’une perte de 35 milliards de yen.
Après ce constat, une riposte et une remise en cause s’imposent. Premièrement, Iwata nie toute démission. Certes ils présentent ses excuses auprès des actionnaires, il ne compte pas quitter le navire au plein milieu d’une tempête. Ses premières décisions ont été d’augmenter les dépenses en R&D de 15 milliards de yens et les dépenses en publicité de 8 milliards de yens. Niveau remise en cause, il avoue lui-même avoir mal compris le marché occidental et que des mauvaises instructions ont été données. Un tel aveu est chose rare au Japon, mais peut être salutaire. Il reconnaît que la façon dont les gens utilisent leurs temps libres a grandement changé. Les smartphones sont en ligne de mire et il réfléchit à la manière dont il pourrait tirer profit de ce juteux business. Nintendo sortira-t-il du contenu exclusif ou adaptera des anciens jeux ou tout simplement ne fera rien mais tente de gagner du temps ? Seul l’avenir nous le dira.
Nintendo est donc à l’aube de réformes structurelles, mais la firme est habituée à ces grands changements, l’histoire de la société nous a prouvé que c’est même dans leur ADN. Une chose est certaine, c’est avec un endettement nul et une image forte, Nintendo ne connaîtra pas à court et moyen terme un destin à la Sega puisqu’ils disposent encore de ressources financières. Reste à savoir si Nintendo prendra les bonnes décisions et s’ils arriveront à encore surprendre les joueurs. Le temps presse mais les actionnaires seront à coup sûr impatients.