Agir pour la Birmanie

Publié le 12 mai 2008 par Jcgbb

Une catastrophe naturelle a-t-elle un sens ? Un cyclone submerge un pays et fait cent mille morts ; les lois de la physique expliquent les causes qui l’ont formé ; voudra-t-on encore en chercher les raisons dans les décrets de la providence et y lire un châtiment divin ?

Au point de vue physique ces catastrophes ne font pas problème : elles obéissent à des facteurs qui, si on les connaissait dans le détail, permettraient de les prévoir et de les combattre. Ce genre d’explication fait comprendre la nécessité du processus naturel, qui se reproduit régulièrement en des lieux déterminés. Nul n’aurait l’idée d’accuser les éléments et de traduire en justice l’eau et l’air.

En revanche, dès qu’on admet un Auteur du monde, le problème — connu sous le nom de théodicée — est d’expliquer comment il peut tolérer des désastres qu’il pouvait prévoir. Comment laver Dieu de l’accusation de cruauté et d’injustice ? En cherchant des raisons, c’est-à-dire une finalité au-delà des causes naturelles.

Il est vrai que ces catastrophes rendent les hommes plus prévoyants et que le genre humain est capable de s’instruire de ses erreurs. Il y a donc un bon usage possible de ces terribles événements. Mais dire qu’ils ont été voulus à cette fin serait aussi incompréhensible qu’insupportable. Qui peut souhaiter un tel désastre ?

C’est pourquoi Kant entend la providence non comme une volonté divine, mais comme l’espérance qui anime l’homme d’action et de conscience. C’est un devoir de protéger les hommes des maux prévisibles. Il est donc possible d’agir en ce sens. Par suite, il ne faut pas chercher à justifier cette catastrophe, mais voir en quoi elle peut servir à en prévenir de nouvelles.

La finalité, ici, est simplement celle que se donnent les hommes de bonne volonté. Ce qui est providentiel, c’est qu’il y ait des individus décidés à agir pour empêcher les désastres humanitaires.