Faudrait-il pour autant hurler à la trahison et pointer du doigt un manque criant de "responsabilité"? Même pas: le remplissage des carnets de commandes ne se décrète pas... En revanche on notera qu'en l'espèce la nouvelle "doctrine" présidentielle relève au mieux du fourrage de doigt dans l'oeil, au pire du foutage de gueule. Car ce fameux "socialisme de l'offre" (l'expression est de Laurent Joffrin du "nouvel Obs", elle sonne à peu près aussi juste que "capitalisme du partage" ou "communisme de la liberté"), qu'on nous vend désormais comme la quintessence de la social-démocratie à la française, n'est rien d'autre que l'adhésion résignée au discours du lobby patronal. Franco-français, de surcroît. Embrasser ce discours, c'est se payer de mots - comme "Pacte de Responsabilité" - et ne pas voir que ces mots sont à des années-lumière de la réalité, c'est confondre le slogan d'un groupe d'intérêts particuliers (en gros, le CAC 40) avec un levier macro-économique.
Anecdote: quelques jours avant la conférence présidentielle, on apprenait que l'Etat allait "investir" rien moins qu'un milliard d'Euros pour "moderniser le Rafale". Car figurez-vous que le "meilleur avion de combat du monde" est obsolète: il n'est pas compatible avec les nouveaux systèmes d'armes développés par Thalès - entreprise dont Dassault est actionnaire à 29,55%. Il est sympa, le contribuable. Il "investit" dans une entreprise infoutue, depuis quarante ans, de développer les bons produits aux bons prix pour les bons marchés, par ailleurs dépassée par la technologie d'entreprises dont elle est partenaire. Pour quel "retour sur investissement"? Des emplois, ne serait-ce que sous la forme d'absence de licenciements? Combien, exactement? C'est difficile à dire, non? Ah putain c'est pas simple, le "socialisme de l'offre"... En tout cas, Dassault Aviation bénéficiera, comme les copains, de l'exonération des charges familiales. Nul doute que sa "compétitivité" en sera "restaurée"... A défaut de restaurer les neurones de ses dirigeants.
Alors, "les mots nous éloignent-ils des choses?". Ben oui, ça arrive assez souvent. Surtout lorsque ceux qui les prononcent s'éloignent de ceux qui, a priori, sont disposés à les écouter. Comme François Hollande avec les gens de gauche.
See you, guys