Iris Baudry est photographe de l’identité judiciaire. Disponible nuit et jour, elle est appelée sur des scènes de crime pour immortaliser les corps martyrisés des victimes. Iris est discrète, obsessionnelle, déterminée. Elle shoote en rafales des cadavres pour oublier celui de son fils, sauvagement assassiné onze ans auparavant.
Mais une nouvelle affaire va la ramener au coeur de son cauchemar : dans cette ville maudite où son fils a disparu, là où son croque-mitaine de mère garde quelques hideux secrets enfouis dans sa démence, là ou sévit un tueur en série dont la façon d’écorcher ses victimes en rappelle une autre.
La canicule assèche la ville, détrempe les corps et échauffe les esprits, les monstres se révèlent et le brasier qu’Iris croyait éteint va s’enflammer à nouveau dans l’objectif de son reflex.
Mon avis
Si vous pensez avoir tout vu en matière de thriller et de romans noir. Oubliez…
Si vous pensez qu’un bouquin ne se parcoure qu’avec les yeux ? Oubliez…
Ce roman n’est pas juste un simple bouquin, c’est une véritable expérience sensorielle. Par sa plume, Maud Mayeras a un don unique pour donner forme, couleur, goût, odeur et sonorité à la moindre parcelle de son intrigue. Cette histoire ne se feuillette pas, elle se vit !
Reflex est une plongée en immersion totale dans l’âme humaine avec ce qu’elle peut avoir de plus vile et de plus fort. Un monstre à plusieurs têtes, une histoire de mort mais aussi d’amour, d’un amour totalement ébranlant.
Un récit à la structuration réellement audacieuse et innovante. On se retrouve plus souvent qu’à son tour à quatre pattes (voire les quatre fers en l’air), hébété et estomaqué que l’auteure retombe aussi incroyablement sur ses pattes à elle.
Un roman profondément empathique, du genre à vous rendre apathique voire aphasique durant quelques instants, tant Mayeras vous chamboule de l’intérieur et vous met la tête à l’envers.
Une écriture d’une expressivité sans pareille, capable de souffler le chaud et le froid en une courte phrase, sans jamais tomber dans les excès et la surenchère. Une « simple » phrase d’une telle force d’évocation qu’elle vous tourne dans la tête en boucle. Raccrochée à d’autres phrases chocs, je vous laisse imaginer l’enchevêtrement de boucles… Ce roman balance des horreurs avec une telle subtilité que ça en renforce immensément son pouvoir.
C’est bien simple, des thrillers, j’en ai lu des valises et des pelletées entières. Mais des comme celui-ci : pas beaucoup, vraiment pas beaucoup…
D’ailleurs le terme « thriller » est impropre (même si je comprends qu’il faille bien coller une étiquette à cette œuvre atypique). Le rythme de l’intrigue est lent, déstructuré, syncopé et pourtant son emprise est totale, étouffante, terriblement prenante.
Ce livre vibre entre vos mains (ou alors sont-ce vos mains qui tremblent ?), doué d’une vie propre. Votre cœur pulse de plus en plus vite à longueur de pages (ou est-ce le livre qui s’anime de lui même ?), jusqu’au long final qui vous laissera exsangue.
Je ne me souviens pas avoir lu un roman aussi lentement, cherchant mon souffle à chaque réplique, m’extasiant devant la forme et le fond, dégustant la prose de cette auteure incroyable.
Une véritable expérience sensorielle vous dis-je, une lecture organique entre ténèbres et lumière, du genre de celle qui vous marque au fer rouge pour très longtemps.
Sortie : 03 octobre 2013
Maison d’édition : Anne Carrière
Notes (sur 5) :
Originalité de l’intrigue : ♥♥♥♥
Profondeur de l’histoire : ♥♥♥♥♥
Psychologie des personnages : ♥♥♥♥♥
Qualité de l’écriture : ♥♥♥♥♥
Émotion : ♥♥♥♥♥
Note générale : ♥♥♥♥♥