François Hollande : double vie et double langage ?
Publié Par Contrepoints, le 19 janvier 2014 dans PolitiqueLa double vie de François Hollande, une bonne illustration de l’incapacité à choisir et décider du président de la république.
Par T. Matique.
Selon la tirade du « Moi président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit en chaque instant exemplaire », il semblerait que pour être « exemplaire » il faille, entre autres, avoir une double vie (si celle-ci se confirmait). En fait, à l’heure actuelle, en France, que les actionnaires/investisseurs aient des dividendes conséquents en rapport à leur prise de risque (intérêts sur placement) est « indécent », que les entreprises veuillent voir réduites les contraintes fiscales et la rigidité du marché du travail est « honteux », que des ménages ne veuillent plus être spoliés pour alimenter un État obèse est une « offense » aux valeurs républicaines, mais la tromperie dans un couple est « exemplaire ». Dans la promptitude à faire des leçons de morale à tout va, à distribuer des quolibets, à hiérarchiser la liberté d’expression et la dignité au gré de leurs convenances, la morale socialiste nationalise l’argent (des autres, bien entendu) et régente les libertés au nom d’un intérêt général qui est le leur, mais privatise la conduite personnelle d’un homme, qui est 24 heures sur 24 président de la République, au nom d’un droit personnel.Nous ne sommes même pas dans un vaudeville avec un mari, sa femme et sa maîtresse. Au fond, quelles que soient les tribulations amoureuses du président, réelles ou supposées, si cette double vie est avérée, elle repose sur un mensonge propre à l’opportunisme et à la convenance personnelle et non sur un mensonge propre à un écart où la rupture des liens contractuels du mariage est plus compliquée à envisager. Il ne s’agit pas de porter un jugement moral sur une double vie, ni d’en hiérarchiser un degré de compréhension en fonction qu’il s’agisse d’une personne mariée ou célibataire. Mais qu’un président libre de tout lien du mariage, pouvant faire un choix entre ses partenaires sans avoir à mentir à l’une d’elles, ait tenté, là aussi, de faire la synthèse pour garder les deux, il y a vraiment des inquiétudes à avoir sur son aptitude à trancher et son honnêteté. Comme le précisait les frères Goncourt : « Ce que l’adultère fait perdre à la bourgeoisie, ce n’est pas ce que les grandes dames appellent de ce grand mot : l’honneur ; c’est ce que les petites gens appellent de ce mot étroit mais précis : l’honnêteté. ».
Si un président est avant tout un homme dont la fonction n’inclut pas un vœu de chasteté, il est toutefois, pendant la période de son mandat, censé être fidèle tout au moins à ceux qui l’ont élu et représenter la France au niveau international sans privilégier une quelconque prérogative personnelle. Or, en plus d’une supposée double vie, le fait de ne pas être capable de répondre aux attentes légitimes de ceux qui l’ont porté aux plus hautes fonctions de l’État, met la parole du président à la même échelle que celle de l’homme et fait plus d’un cocu.
Tout d’abord, ses électeurs. Il leur avait dit : « Je renégocierai le traité européen issu de l’accord du 9 décembre 2011 » ; et il l’a fait voter à la virgule près avec un pacte de croissance qui n’a jamais eu d’effet. Il leur avait promis de sauver Florange et il n’a sauvé que Martin devenu adhérent au parti. Il leur avait dit « Je veux engager une grande réforme fiscale » en précisant « la contribution de chacun sera rendue plus équitable » et il y a eu près d’un million de contribuables supplémentaires dont le même revenu n’était pas imposable avant. Il leur avait promis : « Je ferai en sorte que tous ceux qui ont cotisé la totalité de leur annuité retrouve le droit de partir à 60 ans » ; et il n’en est rien. Il avait affirmé qu’il y aurait une inversion de la courbe du chômage fin 2013 et lors de sa conférence de presse de ce 14 janvier il a parlé de « stabilisation du chômage » et « d’une tendance qui se dessine »… À défaut de ne plus pouvoir justifier son infidélité à la gauche, il avoue à présent sa liaison platonique avec la social-démocratie, même si ce n’est pas du sérieux.
Ensuite, dans la longue liste, nous avons aussi les partenaires européens. En avril 2013, il s’était engagé auprès de Bruxelles à atteindre un déficit de 3,7% du PIB en 2013, puis de 2% en 2014 afin d’obtenir une dérogation aux objectifs fixés dans le traité européen de stabilité, de coordination et de gouvernance et de bénéficier d’un délai. Encore de piètres promesses ! Nous dépasserons même les 4,1% avoués peu après par Moscovici. Mais, ne pas voir qu’avec le socialisme tous les indicateurs économiques s’enfoncent dans le rouge, c’est être daltonien ou socialiste.
La conférence de presse du 14 janvier n’est au fond qu’un exercice de plus dans l’art de promettre ce qui ne sera pas tenu et dont le contenu va se vider jour après jour. La réforme territoriale se résume à regrouper quelques régions mais grossit le millefeuille avec la généralisation de la nouvelle institution qu’est la Métropole et n’apporte aucune décentralisation importante de compétences telles que celles de l’Éducation Nationale (notamment dans la gestion du personnel), ni une véritable réorganisation territoriale qui n’alimente que des postes politiques et leur cortège administratif. Les doublons ne sont pas près de disparaître et nous serons encore et toujours le pays ayant le plus d’élus (9 pour 100 habitants !). Quant au Pacte de Responsabilité, il n’est qu’une version bis du CICE du donnant/donnant, une ingérence de l’État dans l’activité privée payée par les contribuables.
Mais pourquoi tant de hâte à faire des annonces pour des projets non ficelés et au financement flou, dont l’application est reportée à 2015, voire même 2017, et risquer de mécontenter une fois de plus son électorat ? Pour séduire les marchés et éviter des sanctions de Bruxelles en raison du non respect des engagements. Les sanctions sur sa politique se profilent avec une hausse de la prime de risque et des taux d’emprunt, la fuite des capitaux étrangers, la hausse de la dette publique qui atteignait déjà 93,4% du PIB en juin 2013, le prochain rapport de l’agence Moody’s… Il fallait bien lâcher le mot « social-démocrate » pour tenter de charmer ! De plus, il n’oublie pas Sarkozy car, même si il en a détricoté les réformes, faire de la broderie sur son ancien programme c’est le pousser à l’extrême, en cas de retour, à ce qu’il conçoit, à tort, comme du libéralisme, et mieux récupérer par les préjugés d’un électorat de gauche qui ne souffrirait pas d’amnésie concernant ses promesses bafouées.
Une énième annonce pour faire effet qui ne sera pas suivie d’effet. Une liaison d’un jour sans lendemain où beaucoup seront encore des trompés.
Double vie et double langage ? Cicéron affirmait que « Celui qui a l’habitude du mensonge, a aussi celle du parjure ». À méditer.
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