Avec ce livre, Pierre Rosanvallon explique la démarche qu’il entreprend en sa qualité de directeur de collection au Seuil. Collection dans laquelle ont déjà été publiés plusieurs livres : Moi, Anthony, ouvrier d’aujourd’hui, dont le titre dit d’emblée l’intention, La course ou la ville (Eve Charrin) qui raconte le quotidien d’un livreur, La femme aux chats (Guillaume Le Blanc) qui montre aux lecteurs comment Karine rééquilibre son existence de contrôleuse des impôts avec l’élevage de félins, Chercheur au quotidien (Sébastien Balibar)… Il ne s’agit pas, pour lui, d’interpréter les faits et gestes de telle ou telle catégorie de personnes, mais de donner la parole, de permettre la narration du quotidien, installant son ambition dans les pratiques du XIXe siècle quand la parole des ouvriers était exclue de la démocratie, quand la représentation privait les « invisibles » de présence. Il crée donc cette collection et un site internet (www.raconterlavie.fr). Parce que les mutations sociales, celles de l’économie comme celles de la vie quotidienne creusent des fossés d’incompréhension et obligent à repenser jusqu’aux organisations politiques. Il s’appuie sur les chansons populaires, sur le travail de documentation d’un Balzac, d’un Zola, plus récemment sur l’ouvrage dirigé par Pierre Bourdieu, La misère du monde.
Je retrouve dans cette démarche l’intention d’Isabelle Bonté présentée récemment dans ce blog. Et celle des réalisateurs de web-documentaires, comme Stains beaupays. A suivre donc.