A ce stade, V.me, qui nous est présenté comme un « porte-monnaie numérique universel et pan-européen » (sic !) n'offre qu'une seule fonction, basique : le paiement sécurisé (et garanti) sur les sites de e-commerce, sans requérir la transmission des données de la carte bancaire. Il dispose malgré tout de quelques avantages par rapport à son concurrent direct, dont notamment un nombre significatif de marchands enrôlés et, à terme, une possible couverture de l'Europe entière.
Pour BPCE, cette nouvelle initiative pourrait être complémentaire de son propre porte-monnaie mobile S-Money (dont on n'entend plus parler, son déploiement n'ayant apparemment pas beaucoup progressé depuis 1 an) : la première ciblerait les paiements sur internet tandis que le second serait plutôt destiné au commerce de proximité et aux échanges d'argent entre particuliers (P2P). En guise de pont entre les 2, les utilisateurs de V.me pourront définir leur porte-monnaie S-Money comme l'un des moyens de paiement liés.
Son application mobile, disponible pour iOS et Android, consiste en un porte-monnaie virtuel, lié à la carte bancaire. Lors de son passage en caisse, le client capture, avec son téléphone, le QR code qui lui est présenté, il n'a plus alors qu'à valider la transaction pour finaliser son règlement. Le dispositif, sélectionné pour sa facilité de mise en œuvre, est aujourd'hui en test dans 4 grandes surfaces du groupe et il pourrait être généralisé dès le premier semestre 2014.
Ainsi, ce sont 9 banques et 3 opérateurs de télécommunications qui sont désormais rassemblés autour de ce porte-monnaie universel, combinant moyens de paiement, cartes de fidélité, bons de réduction, tickets et billets divers… et utilisable aussi bien en boutique que sur le commerce en ligne ou mobile. Seul bémol à l'euphorie que pourrait déclencher cette annonce : la solution n'est pas encore opérationnelle, un projet pilote doit être déployé fin janvier et la distribution commerciale est promise pour le printemps.
Les banques belges (ainsi que MasterCard, qui fournit sa technologie MasterPass pour les fonctions de paiement) parviendront-elles réellement à respecter ce planning ambitieux ? Cela représenterait un exploit digne d'être inscrit dans les annales de l'agilité des grandes entreprises !
L'échec est donc avéré (publiquement) et confirme, sans réelle surprise, que l'entrée sur le marché des paiements pour les opérateurs n'était pas aussi évident qu'ils pouvaient le croire il y a quelques années. Beaucoup poursuivent pourtant la chimère d'une prise de position dans le secteur, qui a en réalité de moins en moins de chances de se produire, surtout tant que les stratégies ne changent pas radicalement…
Sans revenir sur la probabilité d'un passage de l'idée à un produit (à laquelle, pour ma part, je ne crois pas beaucoup), il est intéressant de découvrir comment les réflexions sur les paiements par mobile évoluent, avec cet exemple reprenant la plupart des principes apparus ces derniers mois : connexion sans fil à courte distance pour l'échange d'informations sur la transaction (avec le terminal), liaison internet pour l'exécution du paiement (côté serveurs), anonymisation des données de paiement, élément de sécurité du processeur pour stocker les informations sensibles…
En dépit de la présence de l'acronyme « NFC » dans les schémas, une des seules certitudes qui pourraient ressortir de ce brevet est que la technologie de paiement sans contact, telle qu'on la connaît actuellement, n'est résolument pas dans les plans d'Apple.