Lire un livre lu par une autre, de celle qui a une place à part. Lire un livre, les mots d'un auteur (bien traduits) et y partager entre les lignes la sensibilité de l'amie. Je ne pourrais jamais dire à quel point ces échanges de livres m'apportent, je me construis et te devine entre les pages, aussi.
"Long week-end" de Joyce MAYNARD est ainsi une lecture transmise. Je ne savais pas ce que j'en attendais. Tant mieux, je ne fus que plus touchée au point de finir le dernier chapitre en rentrant d'une sortie, assise seule sur un banc devant la mairie dans mon chaud manteau.Henry a treize ans et vit avec sa mère depuis le divorce de ses parents. Son père a refait sa vie, une autre femme, un autre fils et une dernière issue de cette nouvelle union. Et sa mère, ne voulant plus sortir, accumulant les boites de conserves et les soupes tout prêtes pour ne surtout pas ressortir, pour aucune raison.Un jour, lors d'une sortie nécessaire, un homme se présente devant Henry. Il est mal en point et demande de l'aide. Dans leur vie où rien ne se passe jamais, le gamin et sa mère vont accepter l'inimaginable: accueillir l'homme, évadé de prison, dangereux meurtrier. Et le quotidien dévoile des merveilles, des gestes, des mots, des attentions... l'homme n'est pas celui que l'on croit.
Henry est le narrateur et l'histoire se déroule selon ses humeurs. La puberté est là, les fantasmes sexuels mais aussi ses besoins d'affection, ses envies de famille, de ceux qui n'ont besoin de personne d'autres qu'eux-même, ensemble, pour être heureux. C'est aussi son passage à la vraie vie, de protecteur de sa mère à adolescent, d'une survie à une vie.L'évadé, Franck, montre des dispositions à la patience. Il a eu le temps, le temps pour réfléchir, le temps pour aussi savoir comment il souhaite maintenant parler aux autres, s'occuper de ceux qu'il affectionne, de ceux qui se réfugient hors du monde, de ceux qui n'y ont pas accès. Avec une tarte, une pose de vernis, un cours de pâtisserie ou des jeux mais aussi un bain, une coupe d'ongles et une vraie présence à l'autre qui ne fait que tressauter et baragouiner.La mère, Adèle, est perdue, désemparée. Elle ne fait que se refermer et pourtant elle aime danser, et pourtant elle aime la vie et même les gazouillis de bébés, enfin peut-être.
Pendant un long week-end, la vie change et modifie les espoirs. Il s'agit d'amour filiale, d'amour sensuel, d'amitié mais aussi de culpabilité. Tout le rapport à l'autre prend de l'épaisseur.Quelles sont alors les prises de risques possibles? Quelles sont le priorités dans la vie?Ce livre est une forme de maturité, masculine oserais-je dire, mais surtout de ceux qui voient leur vie défiler sans y avoir accès.
Vous trouverez l'avis beaucoup plus argumenté de Lily ici (merci encore) et le magnifique billet d'In cold blog là.