La télé-réalité a gagné : elle a envahi tous les esprits. Il suffisait de regarder jeudi soir "Des paroles et des actes" pour en avoir une preuve supplémentaire. "Tout le monde se demande s’ils vont rester ensemble ou non", disait Franz-Olivier Giesbert. Et chacun y allait de son hypothèse.
La télé-réalité influe sur notre conception de la frontière privé/public
Ce qui est remarquable aujourd’hui, c’est, au-delà de l’information de cette liaison, qui vaut ce qu’elle vaut, la façon dont on tente de pénétrer l’intimité des protagonistes. On nous raconte, par exemple, que Valérie Trierweiler a "pété les plombs" lorsqu’elle a appris la publication de "Closer" et que François Hollande a accueilli sa colère très froidement.
D’où viennent ces informations ? Des voisins ? Parce qu’elle criait trop fort ? De l’oreiller ? Ou d’une caméra installée dans leur chambre ? Le droit à connaître la vie privée du président que certains, comme Christophe Barbier, revendiquent, va-t-il jusqu’à être tenu au courant des scènes de ménages ?
On mesure aujourd’hui combien les différents talk-shows, fictions et télé-réalités qui trouvent leur inspiration dans les disputes entre couples pèsent sur notre conception de la frontière privé/public. Tout cela ne serait pas grave si quelques journalistes imprudents ne tiraient de ces échanges des conclusions sur le plan politique.
Le glissement du supposé comportement privé est en train de refaçonner l’image politique de Hollande : de la prétendue attitude froide du compagnon, on glisse sans difficulté au comportement de l’homme politique. De là à considérer que, parce qu’il aurait été froid avec sa femme, il est cynique en politique, il n’y a qu’un pas que le directeur de "L’Express" est prêt à franchir.