Après plusieurs court-métrage, Yannick Saillet nous livre son premier long-métrage avec « Piégé ». En plus de réaliser le film, il en écrit le scénario avec Jérémie Galan, qui apparaît dans un petit rôle. C’est Pascal Elbé qui interprète le personnage principal. Sans véritable promotion, ou du moins très discrète, « Piégé » sortait dans nos salles françaises le 15 janvier 2014.
Synopsis : Après avoir survécu à une attaque éclair, le sergent Denis Quillard pose le pied sur une mine russe à double détente. Seul rescapé de sa patrouille, coincé au milieu du désert afghan, il doit faire face à cette situation et affronter ses doutes comme ses peurs. L’ennemi se rapproche. Il a quelques heures pour s’en sortir …
Pour un premier scénario, Yannick Saillet ne cherche pas la facilité. Dès les premières minutes, le spectateur est pris dans un lot d’action et alors qu’il commence à prendre goût à cela, il va se retrouver bloqué à cause du personnage principal qui pose le pied sur une mine. La spécificité de « Piégé » est d’être un huis-clos sans limite puisqu’il est ouvert dans l’espace. L’intelligence du scénario se trouve dans cet élément car, même si le personnage est statique, tout peut arriver. Malheureusement pour le spectateur, il devra attendre longtemps, car rien ne se passe dans « Piégé ». L’intensité des premières minutes s’efface petit à petit afin de laisser la place à l’ennui, qui est bien présent malgré les une heure et dix-huit minutes du film. C’est clairement dommage tant l’idée de base était prometteuse. Le mauvais traitement de cette idée aura raison du film, et l’amène petit à petit vers un final que l’on voit de plus en plus venir … La surprise ne sera même pas là.
Comme il est le cas dans de nombreux huis-clos, les personnages sont en nombre très limité. C’est simple, dans « Piégé », Pascal Elbé est le seul acteur dans la majorité du film. Les autres acteurs sont plus de l’ordre de la figuration, tant leur apparition à l’écran se compte en une poignée de minutes. Seul Laurent Lucas, qui interprète un des soldats du bataillon, est présent plus longtemps que les autres personnages secondaires et il s’avère très convaincant ! Dans un sens, Pascal Elbé l’est lui aussi … mais seulement quand il ne parle pas. L’acteur français possède une gueule qui s’exprime d’elle-même et qui en dit plus que n’importe quel mot. Lorsqu’il prononce ses dialogues, le spectateur ne pourra s’empêcher d’avoir un sourire moqueur à cause de l’accent qu’il se donne. On a l’impression qu’il veut se donner un faux air de John Rambo/Sylvester Stallone, sans que cela ne soit jamais convaincant. Pascal Elbé est définitivement un acteur avec de la gueule.
À l’image du reste du film, la réalisation alterne bonnes idées et lourdeurs. Yannick Saillet prouve qu’il sait insuffler de l’intensité dans ses scènes d’actions, mais qu’il s’avère moins bon pour passionner le spectateur avec un personnage qui possède un pied sur une mine. Cependant, sa réalisation trouve de bonnes idées dans la manière de filmer le visage et le corps du personnage de Pascal Elbé, et de les faire parler d’eux-mêmes. De même, les scènes de nuit ou de tempête possèdent de vrais idées visuelles avec ces couleurs néons ou cette photographie aux tons gris. Ces bonnes idées ne sont malheureusement pas assez nombreuses pour convaincre, et l’on retrouve trop de lourdeur dans le reste de la réalisation, très vite répétitive, à l’image de ces plans désertiques pour montrer la solitude de l’homme. « Piégé » est un film qui part d’un bon postulat qui va, au fur et à mesure, se trouver piégé dans sa propre bonne idée …
« Piégé » est un film qui intrigue dans son début mais qui va très vite se retrouver sans réel élément pour perpétuer cet intérêt pour le scénario du long-métrage. Parsemé de bonnes idées, « Piégé » est un des ces films qui, mieux traité dans son intégralité, aurait pu être un très bon film.
Piégé. De Yannick Saillet. Avec Pascal Elbé, Laurent Lucas, Caroline Bal, Arnaud Henriet, Jérémie Galan, Patrick Gimenez, Othman Younouss, …
Sortie le 15 janvier 2014.