Mère et Fils // De Calin Peter Netzer. Avec Luminita Gheorghiu et Bodgan Dumitrache.
Mère et Fils est un film dur, pesant et bouleversant. Brillamment mené par Luminita Gheorghiu, déjà aperçue dans la Palme d’Or 2007
« 4 mois, 3 semaines, 2 jours », le film délivre petit à petit une histoire qui va nous emmener vers sa terrible fin où le spectateur ne peut que fondre en larmes
pendant près d’une dizaine de minutes. Je n’ai pas pu m’arrêter. C’est horrible car j’avais envie mais il m’en était impossible. Il faut dire que le film est particulièrement terrifiant. Surtout
que l’accident arrive dès le début du film. Nous ne sommes donc pas là pour suivre une belle histoire avec une belle conclusion. Il ne pouvait pas y avoir de belle fin d’ailleurs. Je ne suis pas
un spécialiste du cinéma roumain (cela doit être le 4e ou 5e film que je vois et 3e avec Luminita Gheorghiu). Je dois avouer que j’ai été assez déconcerté par le film dans le
sens où je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il évolue de cette façon. C’est une très bonne chose car j’ai beaucoup plus aimé Mère et Fils que je n’aurais pu le penser au
premier abord. Le film raconte aussi un thème universel, celui de la mère castratrice qui est constamment sur le dos de son fils.
Cornelia, 60 ans, mène une vie privilégiée à Bucarest, entourée de ses amis riches et puissants.
Pourtant, les relations tendues qu’elle entretient avec son fils la tourmentent. Celui-ci repousse autant qu’il peut la présence d’une mère possessive.
Quand Cornelia apprend qu’il est impliqué dans un accident de voiture qui a coûté la vie à un enfant, elle va utiliser toute son influence pour le sortir de cette situation où il risque une
sévère peine de prison.
Mais l’enfer du fils est pavé des bonnes intentions de sa mère. La frontière entre amour maternel et manipulation est mince...
Ce que je trouve avant tout de remarquable c’est le personnage de Cornelia. En plus d’être très bien interprété, il est aussi un rôle particulièrement soigné. Ce personnage à la fois sombre
(capable de tout pour sauver son fils, même du pire) et aimant (elle aime profondément son fils acceptant même le fait qu’il n’y ait pas d’amour en retour). Tout au long du film celui-ci cherche
à nous surprendre en allant dans des recoins que l’on n’aurait pu penser ne pas voir dans ce film. Notamment quand on nous parler du fils en lui-même. C’est très rare qu’il soit sur le devant de
la scène alors qu’il est plus ou moins le héros de l’histoire (si l’on peut parler de héros). Sauf que tout semble être fait implicitement, du coup le spectateur doit se raccrocher à la mère.
Après tout, on pouvait s’attendre à une histoire de relation entre une mère et son fils avec un tel titre. C’est d’ailleurs très réussi de ce point de vue là d’ailleurs. Le film entretient
également un certain suspense alors que l’on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre (le destin de ce fils est en suspend jusqu’au bout).
Par ailleurs, Calin Peter Netzer met tout cela en scène avec une intensité assez surprenante. Cela donne d’ailleurs quelque chose de parfois fascinant. Il faut dire que
Luminita Gheorghiu a une personnalité électrisante qui fonctionne instantanément sur le spectateur. Malgré tout, on peut également ajouter que le film réussi le mieux tout ce
qu’il peut faire en marge. Notamment quand l’on sent des carcans du registre. Ces carcans sont très bien exploités d’ailleurs, rien à redire de ce point de vue là. Cette ambiance étouffante
empêche alors au spectateur de ressentir une émotion jusqu’à ce que l’on crève le ballon à la fin du film et que les larmes coulent à flots. Car c’est bien ce qui se passe justement, elles
coulent littéralement à flot, sans que l’on ne puisse se contrôler. On ressent la peine de ces gens. C’est brillant. Je suis quelqu’un d’émotif certes mais je sais quand je suis vraiment ému et
Mère et Fils a réussi à m’avoir de ce point de vue là.
Note : 8/10. En bref, étouffant mais fascinant, terrible mais émouvant.