Mort d'une certaine gauche...

Publié le 18 janvier 2014 par Jorge

C'est la rengaine du moment, très partagée dans les médias ; une suite, après premières réflexions, à la conférence de F. Hollande du 14 janvier.
La rengaine n'est pas tout à fait fausse, même si c'est léger et tout à fait insuffisant.
Volontairement ou pas, Hollande a mis en scène une réalité : l'incapacité de lutter contre la plaie du chômage et, plus largement, avec la situation de crise, avec les armes idéologiques qui l'ont fait élire. Que ce soit momentané ou durable, c'est cette dure réalité qu'il a offerte en pâture à tout le monde en annonçant les orientations qu'il fixe à son action à venir, dont le fameux « pacte »
Si l'on circonscrit son rôle au réalisme froid, qui, pour tenter d'obtenir les résultats qu'on attend de son action, remet dans sa poche ses fondements idéologiques, il a eu totalement raison.
La remise en poche idéologique est-elle définitive ? Provisoire ? Ce n'est pas le sujet pour la masse de chômeurs et l'autre masse, bien plus grande, d'apeurés devant la brume qui réduit à presque rien la visibilité du futur.
Si au contraire, n'ayant rien perdu de ses facultés intellectuelles, plutôt que d'une « remise en poche » s'agirait-il d'une « remise en cause » de la forme, du contenu non-fondamental, des moyens opératoires de son socle idéologique ? Est-ce le début d'une remise à jour de l'idée socialiste dominante (?), telle que pourrait l'incarner le PS français ?
La gauche traverse globalement un mauvais moment idéologique. Ne parlons pas du Front de gauche de M. Melenchon. Cet homme cultivé et brillant est malheureusement atteint du syndrome de Dieu le Père et malgré ses indiscutables qualités de tribun populaire, on peut douter de ses chances de parvenir à construire un jour quelque chose de solide et de crédible.
Son futur ex-allié, le PCF, est sur une pente savonneuse glissante depuis des années. Sorti du présent réel, il poursuit sa dévitalisation lentement, douloureusement, mais inexorablement. Il semble condamné à devenir une vieille relique des temps anciens, marginale dans la vie globale du pays.
Les verts sont encore trop couverts d'acné juvénile. Ils sont sur un nuage qui, pour le moment, ne maîtrise pas les vents qui soufflent en altitude et fait du surplace. Ils pourraient incarner idéologiquement un espoir; àce jour, ils sont encore et toujours « en devenir » Pour combien de temps?
Le PS a un problème majeur : il est peut-être le seul à ne pas s'apercevoir qu'il doit s'appliquer d'urgence à lui-même le slogan de la dernière campagne : « le changement c'est maintenant » Ceci étant, il est non seulement le parti des hommes et femmes clé du gouvernement, le parti de la majorité et son principal opposant traverse une crise programmatique encore plus forte que la sienne. Il faudrait en profiter pour réviser son cadre de pensée !
Est-ce le but que se fixe Hollande pour tenter de « ré-enchanter » son quinquennat, si ce n'est pas pour prévoir une tentative de réélection, ce qui est un sujet aujourd'hui, hors horizon, du moins pour crédibiliser un projet de sortie possible de cet état de crise qui mine les esprits ?
Ce serait un changement de stature et, sil ne le pollue pas une nouvelle fois par ses maladresses, pourrait incarner un espoir qui serait largement le bienvenu.

© Jorge