Dans la foulée de l'annonce d'un cadre réglementaire (en cours d'élaboration), une bulle de la finance participative semble se former en France, avec l'éclosion d'une multitude de plate-formes en quelques mois. Parmi celles-ci, Ma Micro-Épargne Solidaire (« MMES ») parvient à faire preuve d'une certaine originalité dans son modèle.
Ainsi, que penseriez-vous d'une solution qui vous permettrait de soutenir (financièrement) des projets sans avoir à débourser le moindre centime ? Cette idée apparemment farfelue est exactement ce que propose la startup : plutôt que de faire appel aux contributions directes, elle collecte les promotions et autres réductions offertes par des e-commerçants partenaires sur des achats habituels – à travers des programmes d'affiliation tout à fait classiques – et invite leurs bénéficiaires à investir cet argent dans le « circuit » du financement participatif.
Les destinations possibles pour les fonds recueillis sont extrêmement variées, depuis des donations à des associations caritatives jusqu'aux apports directs (en « crowdfunding ») aux projets présentés sur la plate-forme de « MMES », en passant par le soutien à des programmes externes existants (notamment Babyloan). Selon les cas, les contributions peuvent être assorties de contreparties en nature, ou, par exemple avec les prêts sur Babyloan, les remboursements alimentent le compte de l'utilisateur, qui peut aussi à tout moment retirer ses avoirs disponibles.
Dans son implémentation, le service n'est pas exempt de défauts. Le premier est commun à la plupart des plates-formes basées sur des programmes d'affiliation : le parcours client, qui impose de passer par le site de « MMES » avant de se rendre sur la boutique en ligne choisie, reste beaucoup trop contraignant. Moins graves mais néanmoins irritants (et probablement inutiles), la cotisation de 2 euros annuels prélevés sur l'épargne, les frais de gestion non précisés, la profession demandée à l'inscription, sans justification…
Exploiter à diverses fins les bénéfices des offres marketing que les commerçants développent afin d'attirer et fidéliser leur clientèle devient décidément une tendance de fond : Capital Koala les met de côté pour les enfants, SaverNation propose de les intégrer à l'épargne retraite, Mogl les transforme en gestes de charité, MMES les recycle dans la finance participative… L'intérêt est, évidemment, de rendre indolore l'acte associé, ce qui devrait permettre de démultiplier l'audience de ces différents modèles.
La viabilité économique de toutes ces initiatives paraît extrêmement fragile mais elles ont l'incontestable capacité, au moins dans un premier temps, à constituer un excellent tremplin pour familiariser les consommateurs avec des mécanismes sur lesquels ils n'engageraient pas spontanément leurs économies. La valeur pédagogique que peut ainsi avoir une plate-forme telle que « Ma Micro-Épargne Solidaire » mérite donc à elle seule qu'on s'y arrête…